[Les femmes de la vape] Dr Sophie Maria – Docteur Science

À la tête de l’équipe pluridisciplinaire d’OpenSciences, le laboratoire d’analyse et de R&D d’Ingésciences, une humaniste passionnée de biologie cellulaire fait progresser la connaissance dans le domaine des produits d’inhalation. Rencontre avec le Dr Sophie Maria, une femme de tête exigeante qui aime le partage d’idées.

[Les femmes de la vape] Dr Sophie Maria – Docteur Science

En 2018, quand elle rencontre les fondateurs d’Ingésciences (ex-LFEL), Sophie Maria vient de terminer sa thèse de biologie-biochimie à l’Université de Bordeaux, en lien avec le CNRS, consacrée à la fabrication de médicaments à moindre coût. « Je cherchais où travailler et je n’avais aucune envie d’intégrer un grand groupe pharmaceutique, où j’estimais ne pas être sûre de pouvoir m’épanouir totalement. J’étais fière d’avoir contribué à diviser par dix, voire cinquante le coût de production de certains traitements du cancer ou de la polyarthrite, et permis à des populations qui n’en avaient pas les moyens de se soigner. Je cherchais une équipe avec des valeurs positives qui me permettrait d’exprimer mes idées. Quand j’ai appris que Vincent Cuisset et Charly Pairaud cherchaient à développer une unité de biologie pour le laboratoire, je me suis présentée avec un PowerPoint et quelques pistes. Nos visions se sont rencontrées. » Intuitifs et innovants, les deux entrepreneurs, créateurs entre autres de VDLV, lui tendent une page blanche et lui offrent une liberté à 360 degrés.

Une discipline complexe

En un peu plus de deux ans et avec le soutien de ses consœurs, les Drs Hélène Lalo et Maud Mercury, Sophie Maria a défini son cœur de métier : analyser les produits du vapotage de façon transversale pour en comprendre les enjeux et les effets sur le corps humain. « La vape est une discipline complexe qu’il faut étudier sous tous ses aspects, physique, chimique et biologique, c’est la force de notre unité de recherche. Vaper à 15 W ou 80 W sur tel ou tel clearo n’a pas du tout les mêmes effets sur les composés du e-liquide après vaporisation, ainsi que sur le corps humain. »

vape laboratoire chimie sciences

Son équipe pluridisciplinaire s’appuie entre autres sur quatre robots vapoteurs U-SAV capables de reproduire le comportement du matériel et de l’utilisateur, et collabore en biologie avec des partenaires indépendants. Bientôt, elle pourra aller plus loin in situ, grâce à un incubateur cellulaire baptisé VapeCell, conçu par le Dr Maria. Unique en son genre, pensée pour la vape et utilisable dans un champ de recherches étendu lié notamment aux problématiques actuelles, son invention permettra d’exposer des cellules directement à la vapeur d’e-cigarette pendant plusieurs mois et d’interagir avec elles de façon hyper-contrôlée.

La science, c’est la vie

Le Dr Maria est l’inverse d’une chercheuse enfermée dans sa tour d’ivoire. L’éthique chevillée au corps, elle est motivée par des valeurs d’entraide et d’honnêteté. Son credo : la réduction des risques. « Les chiffres de la mortalité du tabac sont effrayants. Mon action consiste à produire des données scientifiques pertinentes pour que les fumeurs adoptent une vape adaptée à leurs besoins spécifiques, qui les aide à se sevrer. Il ne s’agit pas de leur dire que ce qu’ils font est mal, plutôt qu’ils pourraient faire mieux. Les professionnels de la vape (boutiques, sites internet, …) pourraient ainsi étayer leurs connaissances pour un meilleur accompagnement des vapoteurs. »

Elle défend une science réaliste, dont l’objectif n’est pas de prouver à tout prix que la vape est safe, mais qu’elle est bien moins dangereuse que ce que prétendent ses détracteurs. « Les industriels du tabac disposent d’énormes moyens, mais se contentent d’appliquer leurs bonnes vieilles méthodologies. Leurs études présentent des biais qui leur permettent de montrer patte blanche, alors qu’ils font commerce par ailleurs, en toute connaissance de cause, d’un produit qui intoxique et tue ses consommateurs. Ça ne rend pas service à la santé publique et je ne pourrais pas travailler chez eux. En revanche, je n’aurais rien contre le fait de les conseiller. »

Sky is the limit ! C’est bien le minimum quand on dirige, à moins de 30 ans, un des départements les plus innovants d’un laboratoire engagé dans l’écriture des normes françaises (AFNOR), européennes (CEN) et internationales (ISO) dans le domaine des produits d’inhalation mais aussi dans l’étude de principe actif.

OPENSCIENCES-VAPE-VDLV-CHIMIE

Une équipe en avance sur son temps

Signataire de tous les rapports d’analyse réalisés par Ingésciences, le Dr Maria accompagne la mise en conformité TPD de très nombreux e-liquides et matériels avant leur mise sur le marché. Mais, plus que de la prestation, elle garantit à ses clients de l’accompagnement et du conseil pour qu’ils se rapprochent le plus possible des normes de qualité les plus strictes. « Nous analysons avec un très haut niveau d’exigence des produits destinés à être inhalés. Procéder à un screening aromatique irréprochable et attentif permet de recommander l’ajustement de telle ou telle molécule qui supporte mal d’être chauffée, ou de limiter la présence de diacétyle, de sucralose et d’édulcorants selon leur typologie, par exemple. » En un mot, d’influencer positivement l’écosystème de la vape pour qu’il adopte les pratiques les plus constructives pour la filière.


« L’essentiel pour moi, ce sont les compétences et la sensibilité »


En élaborant des protocoles pragmatiques de vapotage utiles aux consommateurs, aux décideurs et à l’interprofession, et en  fournissant des données réalistes sur le terrain, en boutique comme dans les sphères politiques, l’équipe d’OpenSciences joue donc un rôle de connecteur. Managée par l’écoute, très autonome, elle compte une majorité de femmes. « Je n’ai jamais recruté en fonction du genre. L’essentiel, pour moi, ce sont les compétences et la sensibilité », explique Sophie Maria. Interrogée en février 2020 dans le cadre de la Journée internationale des femmes de science, une de ses collaboratrices a déploré l’existence de cette manifestation. La boss partage son point de vue : « Le sexisme est une forme de racisme. Si on ne catégorisait pas les femmes comme des femmes et les hommes comme des hommes, on ne verrait que des personnes. C’est ce que j’applique dans mon département. C’est possible parce que Ingésciences ne réfléchit pas en termes de parité. »

Communication, collaboration, connexion et créativité, autant de valeurs propres aux générations Y et Z dont sont issus les membres de cette équipe de pointe, dont Sophie Maria parle avec fierté.

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