La TPD racontée par les vapoteurs britanniques

Votée en 2014 puis entrée en vigueur en 2016 ou 2017 selon les pays, la directive européenne sur les produits du tabac (TPD) n’avait jamais fait l’objet d’une analyse à la lumière de l’expérience des premiers concernés : les vapoteurs. C’est chose faite au Royaume-Uni, à travers une étude universitaire visant à « savoir comment les consommateurs perçoivent et vivent la réglementation ».

La TPD racontée par les vapoteurs britanniques

Sous la conduite de la docteure Emma Ward, de l’Université d’Est-Anglie, en Angleterre, une vaste étude  a été consacrée aux effets de la législation européenne en matière de vape. Dans ce domaine, c’est la directive sur les produits du tabac (TPD), entrée en vigueur en France le 21 mai 2016, qui sert de cadre. Mais depuis, le marché a considérablement évolué. La TPD va donc faire l’objet d’un réexamen « au plus tard le 20 mai 2021, à la lumière des avancées scientifiques et techniques […] et de l’évolution du marché des cigarettes électroniques »

« La sensibilisation des consommateurs et des fumeurs à la TPD pourrait être bénéfique » 

Pour les Britanniques, dont la politique de santé publique est résolument tournée vers le vapotage comme outil de sevrage tabagique, c’était l’occasion de faire le point auprès des premiers concernés : les vapoteurs. Et les conclusions des chercheurs qui ont mené cette étude sont sans appel. Elles montrent clairement l’hostilité des consommateurs à un éventuel durcissement de la législation.

« Du point de vue des consommateurs, la future réglementation sur le vapotage ne devrait pas davantage restreindre les volumes des fioles de liquides et des réservoirs ainsi que le dosage de nicotine. Elle devrait plutôt se concentrer sur la sécurité des produits, en particulier en ce qui concerne les ingrédients utilisés dans les e-liquides. Il conviendrait que les organismes de santé publique, les centres d’aide à l’arrêt du tabagisme et les professionnels soignants envisagent de sensibiliser les fumeurs à la réglementation afin de les rassurer sur les produits de vapotage […], par exemple en indiquant des supports pédagogiques. Il incombe également aux boutiques de vape d’expliquer à leurs clients en quoi la réglementation protège les consommateurs », écrivent-ils dans leurs conclusions.

Pour réaliser cette étude, les chercheurs ont conduit 160 entretiens entre mars 2018 et mars 2019. Si l’enquête était ouverte à tous les Européens, 90 % des sondés sont britanniques. À 87 %, ils ont arrêté de fumer et vapotent exclusivement ; à 7 %, ils ont arrêté de fumer et de vapoter ; à 2 %, ils sont double usagers (« vapo-fumeurs ») ; et à 4 %, ils ont rechuté en abandonnant le vapotage. En moyenne, les participants avaient utilisé l’e-cigarette pendant au moins quatre ans. 

Une méconnaissance de la TPD et des critiques sur les limitations

Premier enseignement, près de 25 % des vapoteurs ignorent ignorent l’existence de la TPD. En revanche, « dans l’ensemble, les vapoteurs ont été rassurés par la réglementation liée à la fabrication et par les exigences relatives aux étiquettes des ingrédients », indique Emma Ward. Certains d’entre eux vont même jusqu’à suggérer d’apposer « les avertissements sur les paquets de cigarettes afin d’inciter [les fumeurs] à passer au vapotage, moins nocif ».

Autre point de crispation, la limitation de la contenance des flacons à 10 ml. Pour les vapoteurs interrogés, cette contrainte est synonyme de pollution mais aussi de hausse des prix. « Je suis inquiet de l’impact environnemental de la production d’un plus grand nombre de petites fioles en plastique, c’est un pas en arrière pour l’environnement », témoigne un sondé.

La TPD fixe également une concentration maximale de 20 mg/ml de nicotine, même si la France l’avait devancée en appliquant plus tôt cette limite. Le problème ? « Certains participants ont acheté des produits illégaux, comme des liquides nicotinés à plus de 20 mg/ml », indiquent les chercheurs. « Comme je continue de vapoter du 24 mg/ml, interdit par la TPD, je n’ai pas d’autre alternative que de me tourner vers des sources au marché noir », confesse un participant. C’est pour ces deux dernières raisons que les chercheurs préconisent de ne pas diminuer la contenance ni la teneur en nicotine des e-liquides.

 Ils ajoutent : « Les facteurs de succès du vapotage comme moyen de sevrage tabagique […] comprennent le fait de disposer d’un appareil fonctionnel, satisfaisant, à prix abordable et facile à utiliser. Par conséquent, bien que cela ne soit pas démontré dans cette étude menée auprès de vapoteurs pour la plupart expérimentés et exclusifs, il est possible que la réglementation TPD ait eu pour effet secondaire de rendre plus difficile pour certains fumeurs d’arrêter à l’aide du vapotage ». Puisque la réévaluation de la TPD vise « une plus grande efficacité », selon les propres termes de l’UE, il serait judicieux que ces aspects soient davantage creusés.

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