Interview : D’lice décrypte la certification AFNOR

Décidément, notre « chronique amère » parue dans e-cig mag n° 24 aura fait couler beaucoup d'encre. Les principaux intéressés désiraient s'exprimer sur le sens de la certification AFNOR, nous leur avons donc donné la parole dans les pages de notre dernier numéro. L'équipe de D'lice a cependant tenu à apporter des précisions et à partager la passion qui l'anime au quotidien. Le format long de cette interview étant peu propice à une publication papier, nous vous en proposons ici la version intégrale.

Interview : D’lice décrypte la certification AFNOR

C’est depuis leur fief de Brive-la-Gaillarde que le duc d’Aquitaine, plus connu sous le nom de Norbert Neuvy, président et fondateur de D’lice, et Jean-François Douenne, directeur général de D’lice, ont tenu à nous donner leur vision concernant la norme AFNOR.

Bonjour Norbert, bonjour Jean-François… Ou plutôt, devrais-je dire : « Monsieur le Duc, mes hommages »…

D’lice : Bonjour Olivier. Restons pragmatiques : certes, le second degré est agréable, mais nous allons en rester là et reprendre nos rôles respectifs, cela évitera toute confusion sur les réponses et les précisions que nous voulons apporter à l’article paru dans le dernier numéro du mag (NDLR : e-cig mag n° 24). Comparer les producteurs certifiés à une noblesse d’un temps aujourd’hui révolu et la certification AFNOR à une lutte moyenâgeuse ne nous semble pas du meilleur goût… Même si à la première lecture, ton article a fait naître au sein de D’lice de jolis rictus et que certains de nos collaborateurs se sont amusés à nous faire des révérences, cela n’a été que de courte durée.

La certification d’abord n’est pas une lutte, et ensuite, elle n’est certainement pas moyenâgeuse, bien au contraire… Elle est, pour nous, l’avenir de notre secteur. Si nous voulons devenir des acteurs légitimes dans la lutte contre le tabac, nous devons garantir aux vapoteurs des produits de qualité et la certification au regard de la norme vise à favoriser la production de « e-liquides bien faits », elle doit rassurer les utilisateurs et soutenir la croissance du marché en France.

Nous devons, en tant que professionnels, nous engager et garantir un niveau de qualité des produits reconnu par tous… Alors nous nous engageons. Émettre un doute sur la norme, émettre un doute sur la certification ne nous semble pas raisonnable de votre part. Il y a certainement d’autres sujets sur lesquels vous pourriez faire des articles avant de jeter ne serait-ce qu’un soupçon de doute sur la seule norme qualité qui existe à ce jour.

 

Comme nous l’avons rappelé dans notre chronique, vous êtes l’une des premières marques à avoir reçu la certification AFNOR sur les e-liquides. Pourquoi avoir fait ce choix alors que rien ne l’impose ?

Comme nous vous l’avons dit, D’lice s’engage… Il est vrai que rien n’impose la certification AFNOR, c’est une « norme volontaire ». Depuis le premier jour, D’lice a placé la qualité au centre de sa politique d’entreprise… Il était donc évident et naturel pour nous d’avancer dans cette direction.

Nous parlons de certification, soyons clairs, car, vous ne l’ignorez pas (vous le précisez d’ailleurs dans votre article mais il est bon de le rappeler), la norme XPD 90 300-2 éditée par AFNOR et la certification sont deux choses différentes… pas très éloignées, je vous le concède, mais différentes.

« La certification AFNOR est, pour le commerçant comme pour le consommateur, la seule preuve du respect de ces exigences. »

La France est le premier pays au monde à avoir développé une norme spécifique aux produits du vapotage. Cette norme est divisée en trois parties ; la seconde (celle qui nous intéresse) examine les constituants des e-liquides et garantit une grande sécurité pour les vapoteurs. Son application est volontaire, déclarative, mais malheureusement non contrôlée.

La certification, quant à elle, garantit aux revendeurs et aux consommateurs qu’un organisme de contrôle agréé a vérifié chez le fabricant le respect de la norme et la véracité des éléments déclarés. Pour cela, AFNOR effectue un audit annuel des sites de production et demande un contrôle de la qualité des produits par des tests et analyses sur chaque production. Ces analyses sont faites en interne, mais également par des laboratoires indépendants et des laboratoires accrédités par AFNOR. Pour ces analyses, les e-liquides peuvent être prélevés soit au sein de notre production, soit, à notre insu, chez un de nos revendeurs directement par AFNOR Certification.

Pour résumer : l’application de la norme XPD 90 300-2 n’étant pas contrôlée, la certification AFNOR est, pour le commerçant comme pour le consommateur, la seule preuve du respect de ces exigences.

Et puis le dire, c’est bien, le prouver c’est mieux… D’lice, comme VDLV, Alfaliquid et Fuu, a pris le parti de le prouver, je pense que l’avenir nous donnera raison. Être certifié c’est prouver aux consommateurs que les produits respectent et répondent aux exigences de la norme. Malheureusement, et tu le sais, certains produits présents sur le marché n’y répondent pas et ne pourront jamais y répondre, c’est évident… même s’ils disent le contraire et avancent sans scrupules.

Est-il nécessaire de préciser que cela n’a rien à voir avec la déclaration exigée par la TPD ? Là encore, il faut que cela soit clair dans l’esprit des revendeurs : avoir ses produits enregistrés sur la plateforme européenne, comme l’exige la TPD, n’a rien à voir avec la norme AFNOR et la certification, même si, pour obtenir la certification, il faut apporter la preuve de l’enregistrement des produits. Tenez, voilà une idée d’article que vous pourriez reprendre… Est-ce que les produits présents sur le marché aujourd’hui le sont de manière légale ? Là, on ne parle pas de qualité mais de la loi. Là encore, des producteurs peu scrupuleux font fi des règles et n’ont aucun problème de morale envers les revendeurs et les consommateurs. Si le but de la chronique était de jeter un pavé dans la mare ou de mettre un coup de pied dans la fourmilière, faire bouger les choses et ouvrir les yeux : c’est bien, mais dans ce cas, il faut choisir les bons pavés, la bonne mare et viser la bonne fourmilière.

« Quelle image donne-t-on du secteur aujourd’hui ? Quel regard pose-t-on sur notre activité ? Comment être crédible aux yeux des autorités ? »

Il faut se poser les bonnes questions, prendre de la hauteur et analyser ce qui se passe sur le marché… Quelle image donne-t-on du secteur aujourd’hui ? Quel regard pose-t-on sur notre activité ? Comment être crédible aux yeux des autorités ? Le jour où il y aura un problème sanitaire, c’est l’ensemble du secteur et l’ensemble de la filière qui se verront impactés. Si la certification AFNOR n’est pas la « tasse de thé » de certains fabricants ou de certains revendeurs, elle doit à minima faire poser des questions, et si on s’intéresse un tant soit peu à ce que l’on fait, à ce que l’on vend, elle devrait naturellement prendre la valeur intrinsèque qu’elle incarne. Comment peut-on vendre aujourd’hui des produits sur lesquels n’apparaît aucune donnée en dehors de la marque ? Pas de composition, pas de précautions d’emploi, pas de dosage de nicotine quand le produit est à booster (bien sûr), aucun allergène signalé si le produit en contient… Au service des urgences, les médecins se verront bien désemparés face à un enfant ayant ingurgité ce genre de produit.

Reconnaissons que ce marché part dans tous les sens, on peut faire le choix de faire tout et n’importe quoi… D’lice a fait le choix de la qualité et le choix de s’inscrire dans la durée. Personne ne pourra nous reprocher cette décision. C’est une décision d’entreprise qui va dans le sens du respect des produits, du respect de nos revendeurs et, bien sûr (et cela est primordial pour nous), du respect des consommateurs.

 

Il s’agit apparemment d’effectuer un travail de longue haleine pour obtenir ce Graal. Pouvez-vous nous en dire plus sur votre expérience ?

Oui, c’est un travail de longue haleine, nous avons travaillé plus d’un an pour l’obtention de la certification. Cette dernière se décompose en trois phases : pour faire simple il y a une phase administrative ; une seconde phase d’analyses produits (effectuée par un des laboratoires accrédités par AFNOR) ; et une troisième phase consacrée aux audits. Ces audits scannent l’ensemble des services de l’entreprise et, bien entendu, les « process » de fabrication et de production. Un « Graal » est un objet de conquête et, par définition, se mérite, il n’est pas donné à tout le monde, il faut du courage, beaucoup de volonté et une motivation sans faille : c’est un but à atteindre. Mais c’est aussi un travail de chaque instant. Je t’assure que ce n’est pas évident quand on voit ce qui inonde le marché aujourd’hui. Cette certification est aussi un garde-fou, elle encadre les bonnes pratiques et évite des dérives trop faciles…

« Non, les poumons ne sont pas des estomacs et nous ne pouvons pas faire n’importe quoi !!! »

On ne peut que se rejoindre et constater ensemble à quel point le marché du e-liquide est vaste. Nous voyons aujourd’hui des assemblages aromatiques improbables et des produits chargés en arômes, additifs, sucres, colorants et autres molécules « douteuses » qui feraient passer les poumons pour des estomacs… Non, les poumons ne sont pas des estomacs et on ne peut pas faire n’importe quoi !!!

D’lice ne s’engagera pas sur la course à l’extravagance, D’lice ne s’engagera pas plus sur la course des toujours plus sucrés, des toujours plus gourmands, des toujours « plus plus »… ce n’est ni raisonnable ni responsable.

Par contre, mettre en avant la certification AFNOR nous apparaît comme une évidence et nous profitons de cette question pour sensibiliser également les revendeurs à nous aider et porter au plus près des consommateurs ce gage de qualité et de sécurité et appeler également les fabricants à nous rejoindre autour de cette certification, qui, nous le rappelons, a été élaborée avec une soixantaine d’acteurs de l’industrie de la vape, des associations de consommateurs, des laboratoires et des organismes de santé. Elle est aujourd’hui la seule norme reconnue et existante sur le marché du e-liquide. Vous voyez, ce n’est pas une lutte moyenâgeuse ni une chasse gardée. Plus nous serons nombreux à défendre la certification, et plus nous serons crédibles aux yeux des pouvoirs publics.

Il ne faut pas oublier que nous avons tous un rôle pédagogique, nous devons « éduquer » les consommateurs et porter à leur connaissance l’existence de cette certification. Être acteurs responsables, c’est aussi cela. Ne pas prendre la mesure « éducative » de notre métier est pour nous une ineptie.

 

Est-ce qu’être certifié a eu un impact positif sur vos ventes ?

Nous avons obtenu la certification il y a un an à peine, je pense qu’il est encore un peu tôt pour établir un constat définitif. Ce qui est certain, c’est que le consommateur est de plus en plus regardant sur la qualité des produits et leur provenance. Les revendeurs se posent des questions quant à la composition des e-liquides (sucre, diacétyle, coolada, colorants etc.), et c’est très bien. La certification garantit une grande sécurité concernant les composants qui entrent dans la fabrication des e-liquides et exclut des ingrédients dans la fabrication comme la nicotine de synthèse, les substances classées CMR (Cancérogènes, Mutagènes et Reprotoxiques) et ayant une toxicité spécifique pour les voies respiratoires, mais également les substances actives sur le plan pharmacologique, les libérateurs de formaldéhyde, de diacétyle, les colorants, les métaux lourds…

 

Comme nous l’avons souligné dans notre chronique, cette certification semble avoir peu d’impact sur le secteur. Partagez-vous cette constatation ?

Malheureusement, nous ne pouvons pas nous adresser directement aux consommateurs, et de nombreux revendeurs (points de vente physiques comme sites internet) ne portent pas cette norme au plus proche de leurs clients… C’est dommage car cela n’aide pas la certification à trouver la place qu’elle mérite au sein de notre secteur. Mais nous sommes certains que cela va changer. Les actualités de ces dernières semaines nous montrent bien que ce marché « dérange », ce n’est pas nouveau et ce ne sont certainement pas les dernières attaques que nous vivrons. Soyons droits dans nos bottes, donnons à notre marché ce gage de qualité, nous pourrons peut-être en ce sens changer le regard que certains portent sur notre secteur d’activité et faire taire également une partie des détracteurs qui cherchent à rabaisser le mérite des acteurs sérieux qui s’engagent et qui sont nombreux au sein de notre activité.

 

Afin de faire vivre la norme, et de la rendre plus visible pour le client final, un logo commun à toutes les marques AFNORisées pourrait être efficace. Pourquoi ne pas vous être entendus à ce sujet ?

Nous avons abordé ce sujet avec Olivier, Charly et Jean… Il n’y a aucune mésentente sur ce dossier, bien au contraire, mais de son côté, AFNOR Certification travaille également (à la demande des 4 certifiés) sur un logo qui serait commun à toutes les marques certifiées (actuelles et à venir), ceci dans le but d’être plus « visible » et plus « lisible ». Il reste encore beaucoup de travail, mais les choses avancent.

Pensez-vous que les critères de cette norme sont suffisants pour garantir un e-liquide sain pour le consommateur ?

La certification telle qu’elle est à ce jour a le mérite d’exister, elle apporte et garantit aux consommateurs (Cf. question 1) des produits de qualité (c’est déjà beaucoup quand on voit les dérives de certains produits, non ?). Elle a déjà évolué par rapport à sa version initiale et elle évoluera encore. La norme et la certification ne sont pas et ne peuvent pas être figées dans le marbre. Le but étant d’apporter aux consommateurs un niveau de qualité et un niveau de sécurité maximale, elle évoluera naturellement en même temps que les connaissances et les résultats d’études lancées sur les e-liquides.

 

D’un côté, vous êtes reconnus pour montrer patte blanche grâce à la certification. De l’autre, parfois accusés de pactiser avec le diable en ayant une politique de vente ouverte aux bureaux de tabac. Êtes-vous à ce point schizophrènes ?

Pactiser avec le diable ??? Le fait d’avoir donné aux bureaux de tabac la possibilité de distribuer une de nos gammes (D’50), c’est ce que tu veux dire ? Le diable n’est pas là, Olivier ; le diable pour D’lice, sont les e-liquides douteux qui ne respectent pas la norme, qui ne respectent rien en fait. Les personnes qui nous reprochent d’avoir ouvert une partie de notre catalogue aux buralistes et qui vendent des produits blindés en sucralose, diacétyle et autre… alors que nous sommes certifiés et que nous faisons un travail de qualité, on marche sur la tête, non ? Il faut arrêter l’hypocrisie, il y a de la place pour tout le monde… et des produits certifiés peuvent aussi avoir leur place dans un bureau de tabac. Nous avons été accusés de faire la promotion de la vape dans les bureaux de tabac… C’est faux, nous faisons la promotion de la vape, point. Un fumeur converti à la vape est une victoire pour nous. Qu’il découvre la vape dans un BDT ou une boutique spé, où est le problème ? L’important est qu’il puisse vivre sa première expérience de vape de manière qualitative et qu’il bannisse de sa vie la cigarette dite « classique ».

« Le danger n’est pas d’acheter un e-liquide dans un bureau de tabac, mais de vaper des produits aux compositions douteuses. »

Tu sais comme nous qu’il reste 14 millions de fumeurs à convertir. Aujourd’hui, ces fumeurs sont où ? Bien sûr, il faut penser « vapoteurs », mais ne faisons-nous pas une erreur en oubliant de penser « fumeurs » ? Il nous semble normal que les personnes qui fréquentent les bureaux de tabac et qui y découvrent la cigarette électronique puissent aussi avoir accès à des produits de qualité. Pour nous, le danger n’est pas d’acheter un e-liquide dans un bureau de tabac, mais de vaper des produits aux compositions douteuses.

 

Comment voyez-vous l’avenir de cette norme certifiante ?

D’autres fabricants vont nous rejoindre, c’est certain. Cela ne peut être autrement et c’est tant mieux. Ce n’est pas un cercle fermé ni une chasse gardée, comme expliqué dans une des réponses précédentes. Mettre la qualité et la sécurité au centre d’une politique d’entreprise n’est pas l’apanage de D’lice, Alfa, VDLV ou Fuu ; il y a des acteurs sérieux sur le marché français et nous sommes persuadés qu’ils vont venir grossir les rangs des producteurs certifiés. Cela donnera encore plus de poids à cette certification.

Nous pensons également que les professionnels du secteur (et ils sont de plus en plus nombreux) commencent à se poser les bonnes questions. Ils regardent le marché avec un œil plus critique, plus averti, ils veulent être sûrs de ce qu’ils vendent et de ce qu’ils proposent à leurs clients. C’est une réaction normale de professionnels responsables. À ces questions ils ont la réponse…

La certification a de beaux jours devant elle, nous en sommes persuadés et nous n’avons aucun regret de nous être engagés sur ce chemin… chemin loin d’être moyenâgeux, bien au contraire. C’est pour nous un chemin d’avenir sur lequel nous avançons chaque jour et sur lequel nous nous remettons constamment en question.

L’interview touchant à sa fin, nous allons reprendre le ton de la chronique, et donc, repasser au deuxième degré… Nous avoir fait ducs d’Aquitaine nous a quand même touchés (et bien fait rire). Nous imaginons que le prince des Alsaciens (qui est en Meurthe-et-Moselle, pour votre information), le prévôt de Paris (qui est effectivement à Paris) et le comte de Gironde ont certainement, eux aussi, étés très touchés d’être anoblis de la sorte… Nous ne savons pas s’ils se joignent à nous pour ces vœux, mais nous souhaitons une longue vie à la certification et espérons n’avoir jamais à rejoindre les chevaliers de la vape perdue (petit clin d’œil à qui se reconnaîtra).

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