Arsène Valentin : la licence qui casse les chaînes

Avec son concept steampunk et ses règles du jeu peu contraignantes, Arsène Valentin bouscule les codes des franchises traditionnelles. À la tête de cette enseigne, Éric de Goussencourt, son fondateur, un entrepreneur passionné, qui mise sur la liberté de ses licenciés tout en leur offrant les outils pour prospérer. Redevances minimales, absence de droit d’entrée et soutien stratégique, Arsène Valentin attire les indépendants en quête d’un réseau qui respecte leur autonomie. Mais quelles sont les clés du succès de ce modèle unique ? Interview sans filtre, forcément.

Arsène Valentin : la licence qui casse les chaînes

Arsène Valentin : la licence qui casse les chaînes

Pouvez-vous nous raconter comment et pourquoi Arsène Valentin a vu le jour ?
En fait, tout a commencé il y a environ cinq ans, avec la création d’un site internet. Mon idée était de proposer une plateforme agressive sur les prix, où l’on pouvait trouver à la fois des produits standards et des références plus originales : des mods, des articles artisanaux, des liquides provenant de pays lointains, etc. L’objectif était clair : être moins cher que le marché tout en offrant une vraie diversité. Le site a bien fonctionné dès le départ.
En parallèle, j’avais déjà une autre activité en tant que franchiseur pour Clopinette. À l’origine, Arsène Valentin devait simplement rester un site internet. Mais peu à peu, la notoriété a grandi. Des magasins indépendants ont commencé à me contacter, manifestant leur intérêt pour rejoindre l’enseigne. Au début, j’étais réticent, car je voulais me concentrer sur Clopinette. Mais face à la demande croissante, j’ai fini par franchir le pas. C’est ainsi que j’ai décidé d’ouvrir Arsène Valentin aux vape shops indépendants.

On parle de combien de magasins ?
Aujourd’hui, l’enseigne regroupe environ 60 magasins. J’en ouvre à peu près un par mois. Cela fait trois ou quatre ans que j’ai lancé la licence, et nous avons déjà atteint ce chiffre.

Mission : Quelle est la vision de votre enseigne sur le marché de la vape ?
J’ai ouvert mon premier magasin en 2011. Les débuts ont été les plus difficiles. Aujourd’hui, je suis confiant quant à l’avenir de la vape. Même si la réglementation pourrait évoluer, je ne pense pas que cela bouleversera profondément le marché. Je crois en un développement durable et à long terme de ce secteur.

 

 

Est-ce qu’il y a des valeurs qui définissent Arsène Valentin et qui attirent vos licenciés ?
Pour nos franchisés, deux mots reviennent souvent : passion et liberté. Ce que je veux, c’est rassembler tous les vape shops indépendants qui partagent cette passion pour la vape, tout en leur offrant un cadre structuré. Mais il est essentiel pour moi qu’ils conservent leur liberté.
Contrairement à d’autres franchises où il faut se plier à des normes strictes, comme acheter un pourcentage fixe de produits à la centrale ou respecter une tarification imposée, je tiens à laisser mes licenciés libres de gérer leur boutique. Bien sûr, il y a quelques contraintes, mais chacun reste maître chez lui.

Et concrètement, en quoi Arsène Valentin se distingue des autres licences dans le secteur de la vape ?

Concrètement, Arsène Valentin permet aux vape shops indépendants de passer sous une enseigne nationale. Cela signifie qu’ils bénéficient de toute la structure d’une enseigne nationale, tout en conservant leur liberté. Par exemple, nous demandons une redevance de seulement 1 %, ce qui est très inférieur à la moyenne des autres franchises, qui tourne autour de 6 %. Pour un magasin réalisant 20 000 € de chiffre d’affaires mensuel, cela représente une redevance de 200 € pour Arsène Valentin, contre 1 200 € chez d’autres enseignes. C’est une différence considérable.

Par ailleurs, le licencié peut acheter ses produits où il veut. Il n’est pas contraint de passer par moi. Il peut se fournir chez n’importe quel grossiste ou marque.

Un autre point important concerne le mobilier. Contrairement à la plupart des enseignes qui obligent à le renouveler tous les trois ans, nous demandons seulement de respecter l’esprit Arsène Valentin : un look apothicaire, steampunk, avec du bois, du métal et un style industriel. Mais nous n’imposons pas de changer régulièrement l’aménagement. C’est un critère déterminant pour beaucoup de licenciés.

Enfin, en ce qui concerne les prix d’achat, nous proposons des tarifs très compétitifs via notre centrale. Mon objectif en tant que licence est d’être le moins cher possible pour nos licenciés.

 

 

L’esprit steampunk*, c’est-à-dire ? Pour nos lecteurs qui ne sont pas familiers de la science-fiction.

En termes de design, le steampunk s’inspire du rétrofuturisme industriel. On retrouve des matériaux comme le bois, la pierre et le fer, avec des éléments décoratifs tels que des lampes vintage. L’ambiance est chaleureuse et industrielle, loin des concepts de pharmacie ou des couleurs vives comme le rouge ou le vert clair.

*Au sens large on pourrait qualifier le steampunk de mouvement culturel. Il combine l’esthétique et la technologie du XIXe siècle avec des éléments futuristes. On se réfère d’ailleurs parfois à lui en tant que science-fiction du passé ou sous le terme de rétro-futuriste. Ses œuvres littéraires et audiovisuelles affichent des codes stylistiques bien particuliers, mêlant engrenages, rouages et autres éléments mécaniques avec des matières brutes comme le cuivre, l’acier et le cuir. Tous les développements technologiques sont réalisés sur la base de l’énergie à vapeur « steam », donnant un caractère singulier à ces créations.

Source : Steampunk boutique

 

 

 

Le coût de l’investissement ?

Ce n’est pas comme une franchise traditionnelle. Dans 95 % des cas, il s’agit de vape shops existants souhaitant passer sous l’enseigne Arsène Valentin. Le coût est donc relativement faible : entre 2 000 et 5 000 € pour transformer un magasin (enseigne, peinture, mobilier).

Pour quelqu’un qui démarre un magasin de zéro, l’investissement total est compris entre 30 000 et 50 000 €. Ce qui coûte le plus cher, c’est le mobilier. Nous en proposons à nos licenciés, mais ils restent libres d’aller ailleurs. S’ils suivent nos recommandations, le coût moyen tourne autour de 6 000 € pour le mobilier. Une enseigne coûte entre 1 000 et 3 000 €. Le stock initial représente environ 15 000 €. Enfin, il faut prévoir quelques fournitures : un ordinateur, une corbeille à papier, etc.

 

 

Est-ce qu’il y a un droit d’entrée ?

Non, il n’y a pas de droit d’entrée. Cela reflète notre philosophie : minimiser les coûts et les contraintes financières pour nos licenciés.

Quel type de soutien offrez-vous à vos licenciés avant et après l’ouverture de leur boutique ?

Avant l’ouverture, la majorité de nos licenciés sont déjà autonomes. Ils gèrent leur boutique depuis cinq ou six ans, maîtrisent la vente, le conseil client, la connaissance produit et les inventaires. La formation initiale est donc très légère. Nous leur expliquons simplement quels produits nous proposons s’ils souhaitent les vendre. Cela va très vite.

Pour les rares cas (5 %) où un licencié débute de zéro, nous avons un magasin pilote qui assure une formation complète.

Par conséquent, la formation initiale n’est pas systématique ?

Exactement. Pour un commerçant expérimenté, qui connaît déjà son logiciel de caisse, les bases du métier et les produits, il n’y a pas lieu de lui imposer une formation approfondie.

 

 

Est-ce que l’offre Arsène Valentin inclut des exclusivités ou des collaborations avec des marques reconnues ?

Parfois, mais nous avons surtout trois grandes catégories de produits :

  1. Les produits standards des grandes marques, que nous proposons au meilleur prix possible.
  2. La gamme Arsène Valentin, une sélection de liquides conçue pour offrir des marges importantes à nos licenciés, avec des goûts complexes ou des mono-arômes. Les marges avoisinent 90 %.
  3. Les mods artisanaux, fabriqués en petites quantités (50 à 100 pièces) par des artisans du monde entier (Angleterre, Grèce, Allemagne, Pologne, Malaisie). Ce sont des pièces uniques, faites à la main, qui se renouvellent chaque mois.

Observez-vous une augmentation du chiffre d’affaires lorsque des boutiques rejoignent votre enseigne ?

En général, oui. Les clients qui connaissaient déjà Arsène Valentin via notre site internet se rendent en boutique lorsqu’un magasin ouvre près de chez eux. Cela booste le chiffre d’affaires et les marges, grâce à nos tarifs avantageux. Un réseau comme le nôtre apporte une force de négociation que les indépendants isolés n’ont pas.

 

 

Suivez-vous des indicateurs de performance pour évaluer la réussite des boutiques ?

Pas vraiment. Je reste en contact avec les licenciés, je les appelle presque tous les mois pour prendre de leurs nouvelles. Globalement, ils sont très satisfaits et certains envisagent même d’ouvrir un deuxième magasin.

Cela dit, les boutiques en centre-ville rencontrent plus de difficultés à cause de la baisse de fréquentation des centres-villes.

Quand un licencié vous propose l’ouverture d’un nouveau magasin, que lui répondez-vous ?

Je lui propose de l’aide. J’utilise deux logiciels spécifiques pour analyser l’implantation d’un futur point de vente dans une zone donnée. Cela inclut une étude de marché permettant d’identifier les zones de chalandise intéressantes. Par exemple, si un licencié me dit : « J’ai repéré un magasin, j’aimerais m’implanter là », je fais une analyse avec mes outils. Si l’emplacement ne semble pas prometteur, je lui recommande d’autres options plus pertinentes.

Des informations précieuses. Beaucoup payent cher pour des études de marché…

Effectivement. L’un des logiciels analyse le trafic routier. Il fournit des données sur le nombre de voitures passant quotidiennement devant un emplacement ou dans la zone concernée. Si vous êtes à un carrefour où circulent 30 000 véhicules par jour, ce n’est évidemment pas la même chose qu’un endroit avec six fois moins de passage.

Le deuxième outil se concentre sur les caractéristiques de la zone : il recense les commerces existants, étudie la concurrence, le nombre d’habitants, la proximité de centres commerciaux, et d’autres paramètres. À partir de ces données, il estime un chiffre d’affaires potentiel. Bien sûr, ce n’est pas une science exacte, mais les indicateurs sont suffisamment fiables pour orienter les choix. Ce type de soutien renforce la satisfaction des licenciés, qui apprécient faire partie d’un réseau offrant ce genre de solutions.

 

 

Quels sont vos objectifs de développement pour les prochaines années ?

Pour le moment, tout se passe bien. Arsène Valentin ouvre un magasin par mois, c’est un bon rythme de croisière. Je ne cherche pas à accélérer à tout prix, ce rythme est parfait pour un développement progressif et maîtrisé. Plus le réseau grandit, plus je peux négocier des prix avantageux pour mes licenciés. Tout le monde y gagne. Aujourd’hui, tout avance tranquillement, mais sûrement.

Et vous pensez à faire une croisière à l’international ?

Peut-être un jour. Mais pour l’instant, il y a encore beaucoup à faire en France. De nombreux magasins peuvent encore rejoindre notre réseau ou s’implanter. Une fois que le marché sera saturé ici, je réfléchirai à d’autres horizons. Mais ce n’est pas encore le moment, je me concentre exclusivement sur la France.

Y a-t-il des zones en France que vous ciblez particulièrement ?

Pas vraiment. J’ai des contacts réguliers avec des agents immobiliers qui me proposent des emplacements correspondant à mes critères. Il n’y a pas de région à conquérir en priorité, mais il y a encore un énorme potentiel dans le pays. Par exemple, à Rouen, je n’ai qu’un seul magasin Arsène Valentin. Il y a donc de la place pour s’étendre, même dans les grandes villes.

 

 

Selon vous, comment le marché de la vape va-t-il évoluer dans les prochaines années ?

C’est difficile à dire. Quand j’ai ouvert mon premier magasin en 2011, je n’aurais jamais pu prédire l’évolution du secteur. Ce que je sais, c’est que je crois en la vape. En France, le marché se développe bien, et j’y consacre toute mon énergie. Mais il reste des incertitudes, et il est compliqué de se projeter à long terme.

Quels profils recherchez-vous pour intégrer votre réseau ?

Je privilégie des candidats connaissant déjà la vape, souvent des commerçants déjà implantés qui souhaitent passer sous l’enseigne Arsène Valentin. En revanche, quelqu’un qui débute complètement dans le secteur, je préfère l’orienter vers Clopinette. Je recherche avant tout des personnes sérieuses, capables de respecter l’image de la marque, notamment en évitant des pratiques comme vendre les produits à des prix déraisonnables.

Un dernier conseil pour ceux qui envisagent de rejoindre votre enseigne ?

Je leur dirais de m’appeler pour en discuter, ou mieux encore, de contacter directement des licenciés existants. Ils obtiendront des réponses claires et honnêtes. Cela suffit généralement à les rassurer.