Vape et CNCT : alerte et confusion

Le Comité national contre le tabagisme (CNCT) vient de déposer une plainte contre Aroma King, accusée d’avoir introduit sur le marché français des produits contenant de la 6-méthyl-nicotine, une molécule de synthèse soupçonnée d’avoir un potentiel addictif supérieur à celui de la nicotine classique. Cette alerte, bien qu’axée sur un acteur isolé et une substance marginale, a été relayée par une partie de la presse généraliste, contribuant à créer un amalgame entre ces dérives et l’ensemble du marché de la vape, pourtant reconnu par de nombreuses études comme un outil de réduction des risques face au tabac.

Vape et CNCT : alerte et confusion

La 6-méthyl-nicotine dans le viseur du CNCT

Le Comité national contre le tabagisme (CNCT) a récemment annoncé le dépôt d’une plainte contre l’entreprise britannique Aroma King, accusée d’avoir introduit sur le marché français des produits contenant de la 6-méthyl-nicotine (6-MN). Cette molécule synthétique, également désignée sous le nom de « métatine », est soupçonnée d’avoir un potentiel addictif supérieur à celui de la nicotine traditionnelle. Le CNCT met en avant les risques associés à cette substance, encore peu étudiée sur le long terme, et appelle à une interdiction de sa commercialisation.

Cette initiative s’inscrit dans la continuité des actions de l’organisation pour prévenir les méfaits du tabac et de ses dérivés. Selon le CNCT, les produits contenant de la 6-MN sont souvent commercialisés sous des appellations ambigües, comme « NoNic », laissant croire à l’absence de nicotine. Un positionnement jugé particulièrement problématique car ces produits, souvent aromatisés et visuellement attractifs, cibleraient notamment un public jeune.

Pour le CNCT, l’enjeu est clair : il s’agit de protéger la santé publique en limitant la propagation de nouvelles substances addictives et en encadrant strictement leur mise sur le marché. L’organisation appelle ainsi à un renforcement des contrôles et à des réglementations plus strictes sur les produits dérivés de la nicotine.

 

 

Un signal d’alarme… mais un amalgame qui interroge

Toutefois, ce communiqué a suscité des interrogations au sein des acteurs du secteur et de certains observateurs. En mettant l’accent sur la 6-MN, une molécule marginale introduite par un acteur isolé, le CNCT a semblé créer un amalgame avec l’ensemble du marché de la vape. Cet amalgame a été repris par une partie de la presse généraliste, peu familiarisée avec les spécificités du secteur et les subtilités des produits de sevrage tabagique.

Or, il est essentiel de rappeler que le vapotage, selon de nombreuses études – dont celles menées par les autorités britanniques –, est reconnu comme une alternative moins nocive que le tabac combustible et un outil de réduction des risques. En associant des dérives marginales à l’ensemble du secteur de la vape, le CNCT risque de brouiller le message public et de détourner les fumeurs potentiels d’une solution pourtant efficace pour réduire ou arrêter leur consommation de tabac.

Un débat nécessaire

Cette prise de position du CNCT soulève ainsi plusieurs questions : comment distinguer les dérives ponctuelles de l’évolution générale du marché ? Quelles garanties peuvent être mises en place pour encadrer les produits de la vape tout en reconnaissant leur potentiel dans la lutte contre le tabagisme ? Enfin, ne faudrait-il pas adopter une approche plus nuancée, qui valoriserait la vape comme un outil de santé publique à part entière, tout en veillant à éviter ses dérives ?

 

 

La rédaction a voulu poser ses questions au CNTC qui n’a pas souhaité y répondre.

La complexité du débat autour de la 6-méthyl-nicotine et de la vape en général montre qu’une information claire, factuelle et équilibrée est plus que jamais nécessaire. Entre la nécessité de protéger la santé publique et celle de ne pas freiner les avancées en matière de réduction des risques, le débat reste ouvert. Et la politique devrait sérieusement s’y intéresser…