Une étude américaine à la méthodologie douteuse

Dans un contexte actuel d’hystérie très tendu, les détracteurs de la vape se pressent pour être les premiers à frapper le plus fort. Une étude américaine a ainsi été publiée le 7 octobre dernier, dans laquelle des chercheurs établissent un lien entre vapotage et cancer du poumon chez la souris. Mais selon de nombreux experts, la méthodologie est hautement discutable.

Une étude américaine à la méthodologie douteuse

La revue scientifique américaine Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS, Actes de l’Académie nationale des sciences) a publié le 7 octobre une étude établissant un lien entre vapotage et cancer du poumon et de la vessie. Les chercheurs ont en effet exposé des souris aux vapeurs d’e-cigarette pendant cinquante-quatre semaines. Une sur cinq (22,5 %) a contracté un cancer. Et plus de la moitié d’entre elles (57,5 %) ont développé des tumeurs de la vessie. 

Une étude contestable sur de nombreux points

Face à la polémique qui enfle autour de la vape, une telle étude est du pain bénit pour ses détracteurs. Mais ses résultats restent à prendre avec des pincettes, selon la communauté scientifique. Premier grief : la méthodologie employée. L’étude n’a en effet porté que sur quarante spécimens, dont moins de la moitié (18) ont été exposés à de l’air, à titre de comparaison. « D’habitude, dans une étude toxicologique réglementaire, on prend cinquante animaux par lot », précise Sébastien Anthérieu, enseignant-chercheur en toxicologie à l’Université de Lille, à France Info

Les 22 souris restantes ont par ailleurs été soumises aux vapeurs d’e-cigarette quatre heures par jour, cinq jours par semaine. « C’est un vapotage extrême, en dehors de toute réalité », explique le professeur Bertrand Dautzenberg, pneumologue à l’hôpital de la Salpêtrière. De même, les souris ont été soumises à des concentrations de nicotine particulièrement élevées : 36 mg/ml, alors que le seuil autorisé en France est de 20 mg/ml. « Ces doses paraissent très élevées, surtout pour une souris », confirme Sébastien Anthérieu. 

Pas de transposition des résultats à l’homme

Second grief, il n’est pas évident de transposer les conclusions de cette étude à l’homme. « Même si une étude est bien faite pour l’animal, il est compliqué d’en tirer des conclusions pour les humains », explique le chercheur en épidémiologie Emmanuel Wiernik. En particulier, chez des anciens fumeurs passés à la vape, il est difficile de différencier les raisons qui conduiraient à des cancers ou des pathologies. 

Ce n’est pas la première fois qu’un tel protocole est employé pour démontrer la prétendue dangerosité de la vape. En janvier 2018 déjà, l’Académie nationale des sciences américaine (Nasem) avait publié une étude portant sur dix souris. Celles-ci avaient été exposées pendant douze semaines à un régime de vapotage nicotiné équivalent à dix années de vapotage humain. Les chercheurs auraient découvert des cellules cancéreuses dans les poumons et la vessie.

« Les doses de nicotine utilisées sont trop élevées, toxiques et non conformes à la réalité de l’utilisation et de l’exposition à la vapeur d’e-cigarette, indiquait alors le docteur Eric Blouin, expert toxicologue. Le modèle animal utilisé n’est pas pertinent, il développe spontanément des tumeurs. De plus, les animaux ont potentiellement été exposés à des doses toxiques de formaldéhyde, là aussi non conformes à la réalité de l’utilisation et de l’exposition à la vapeur d’e-cigarette. »

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