Nouvelle-Zélande : une politique provape

Depuis le 11 août 2021, la Nouvelle-Zélande a adopté une législation claire en faveur de la vape. Plus grande transparence sur la composition des e-liquides, vente interdite aux moins de 18 ans, limitation du taux de nicotine… Une « approche audacieuse et courageuse », selon les associations provape. Quels sont les premiers résultats constatés ? Et quelles sont les prochaines étapes ?

Nouvelle-Zélande : une politique provape

Nous sommes déjà revenus sur le projet de loi du gouvernement néozélandais visant à mieux intégrer l’e-cigarette dans la politique de santé publique. Pour le ministre de la Santé David Clark (photo), « les produits de vapotage présentent moins de risques pour la santé que le tabac ». Une approche pragmatique et claire, avec l’objectif d’éliminer le tabagisme d’ici 2025.

Seuls trois pays au monde appliquent réellement le principe de réduction des risques de la Convention-cadre pour la lutte anti-tabac (CCLAT) : le Royaume-Uni, les Philippines et donc la Nouvelle-Zélande. Ce choix stratégique est intéressant dans la mesure où cette île du Pacifique calquait auparavant sa politique sur les choix très répressifs de son voisin australien. Soutenu par les pouvoirs publics, le vapotage a ainsi très largement contribué à l’érosion rapide du tabagisme quotidien. En seulement un an, il est passé de 12 % en 2020 à 9 % en 2021, une baisse spectaculaire.

La vape, « une alternative qui fonctionne très bien »

Le pays compte désormais près de 6 % de vapoteurs. « Nous voyons déjà que le vapotage est utilisé par les gens pour arrêter de fumer, indique la Première ministre Jacinda Ardern. Cela nous permet en fait d’aller de l’avant avec d’autres actions pour réduire le tabagisme, car il existe une alternative qui fonctionne très bien pour que les gens arrêtent de fumer. Nous savons que le vapotage fait une vraie différence […] c’est un outil important », selon les propos rapportés par Philippe Poirson qui anime le blog Vapolitique

Pour faire reculer le tabagisme, le pays s’était concentré jusqu’à présent sur une stratégie de hausse des prix, avec un paquet culminant à 21 € (35 $NZ). Tout en ayant imposé des restrictions d’usage dans les espaces publics depuis 2004 et le paquet neutre depuis 2018. « Tout le monde s’accorde à dire que nous devons faire plus pour essayer de réduire le nombre de personnes qui commencent à fumer et, s’ils fument, trouver des alternatives plus sûres et des moyens d’arrêter », commentait encore il y a quelques semaines la Première ministre.

Mais ces hausses tarifaires commençaient à atteindre un plafond de verre, avec un tabagisme qui stagnait d’une année sur l’autre. « Le gouvernement reconnaît qu’aller plus loin [dans les hausses de prix] n’aidera pas les gens à arrêter de fumer, il ne ferait que punir davantage les fumeurs qui ont du mal à arrêter », précisait le ministre de la Santé. 

Des mesures supplémentaires à voter en 2022

Pour aller plus loin et explorer de nouvelles voies, la Nouvelle-Zélande envisage de réduire le nombre de points de vente du tabac de 8 000 à 500, de maintenir un tel tarif et d’imposer un taux maximum de nicotine très bas. Plus spectaculaire, l’idée d’interdire la vente de tabac à toute personne née après le 1er janvier 2009 fait aussi son chemin. Toutes ces propositions feront l’objet de débats au parlement, au début de l’année 2022. 

Face à ces propositions visant à « ringardiser » la cigarette classique, la vape profite au contraire d’un vrai suivi. Le nombre de points de vente spécialisés n’est pas limité. Les vape shops peuvent par ailleurs commercialiser tous les e-liquides autorisés, sans limite sur les arômes. Seuls les magasins généralistes seront circonscrits à la vente des arômes tabac, menthe et menthol. 

« Nous avons beaucoup poussé, stigmatisé, pénalisé les fumeurs de cigarettes, résume le professeur Robert Beaglehole qui avait notamment participé au récent E-Cigarette Summit UK 2021. Maintenant, nous nous efforçons de les aider, de les soutenir, de leur permettre d’arrêter plus facilement et de passer à des produits moins nocifs. Le nouveau plan est vraiment un game changer. »

Des cigarettes à bas taux de nicotine devenues les seules autorisées

Concernant les cigarettes à un très bas taux de nicotine, c’est un concept qui fait son chemin mais qui reste décrié même chez les défenseurs de la vape et de la réduction des risques. Il s’agirait de produire des cigarettes à partir de tabac transgénique, de sorte à ne présenter que 0,05 % de nicotine, contre 1 à 2 % pour les cigarettes classiques. L’idée consiste à créer des cigarettes qui n’induisent pas de dépendance. Et à réduire le marché à ces seuls modèles, en interdisant les marques classiques.

Pour autant, comme le rappelle l’activiste Clive Bates, si elles évitent l’accoutumance, ces cigarettes ne réduisent pas pour autant les autres risques liés à la combustion de produits toxiques.

C’est d’ailleurs pour cette raison que le plan néo-zélandais ne s’arrête pas à ce seul concept et prévoit une série de mesures visant à encourager l’adoption de la vape. Rendez-vous en début d’année prochaine, pour assister aux débats présidant à son adoption.

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