Bergens conçoit et commercialise des solutions de vérification d’âge destinées d’abord aux buralistes, puis élargies aux vape shops. En s’appuyant sur des technologies d’intelligence artificielle, l’entreprise accompagne les commerçants dans le respect de la réglementation et la prévention des ventes aux mineurs. Dans cet entretien, Stephan Rosseneu, son fondateur, détaille le fonctionnement de ces dispositifs, leur conformité au RGPD et les efforts continus pour optimiser la précision des algorithmes.
Pouvez-vous expliquer en quoi consiste exactement la solution et comment elle fonctionne dans le cadre des buralistes et vape shops ?
Nous avons deux modèles :
Le PassAGE : celui-ci est produit par Bergens mais commercialisé par le réseau Orisha (éditeur européen de logiciels B2B) qui propose des logiciels de caisse bien implantés chez les buralistes. Le résultat du scan est affiché sur l’écran des caisses, et les mises à jour peuvent être effectuées à distance. Avec une formule d’abonnement, c’est plus pratique pour les buralistes.
MyCheckr Mini : il utilise les mêmes algorithmes, mais est produit par la société britannique INNOVATIVE TECHNOLOGY, mon employeur. Bergens, ma société, ajoute le système de montage et s’occupe de la production. Ce système fonctionne de manière autonome, avec un voyant bien visible (vert = majeur / rouge = mineur). C’est la solution que je vends le plus en ce moment. C’est un achat unique qui ne nécessite aucun abonnement.
Pouvez-vous nous en dire plus sur INNOVATIVE TECHNOLOGY ? Qui sont-ils, que font-ils ?
INNOVATIVE TECHNOLOGY est une entreprise spécialisée dans l’automatisation des transactions, axée sur l’innovation, notamment dans les équipements de traitement des espèces et les solutions biométriques basées sur l’intelligence artificielle (IA). Ce sont eux qui ont développé les algorithmes. Ils sont dans le domaine de la monétique depuis 30 ans. À l’origine, ils avaient monté un petit département d’analyse faciale pour anticiper le paiement direct par reconnaissance faciale (NDLR : on paie avec son visage). Cela n’a pas encore abouti, mais c’est en cours.
Il y a trois ans, lorsque j’ai commencé à installer cette solution en local chez des buralistes du bassin aixois pour des tests, les retours étaient très positifs. Avec INNOVATIVE TECHNOLOGY, nous avons donc décidé de commercialiser ces deux solutions.
Quels sont les principaux enjeux auxquels BERGENS répond dans ces secteurs spécifiques ?
Nous aidons les commerçants à prévenir la vente aux mineurs. Ils sont soumis à des contrôles et risquent des sanctions sévères s’ils vendent des produits interdits. Ils peuvent être coupés de la FDJ (Française des Jeux) et perdre leur licence. Le risque est bien réel. Quand on voit 1 000 clients par jour, il faut des solutions efficaces. Selon des études, les êtres humains ne sont pas toujours fiables pour estimer l’âge d’un inconnu, et même le stress peut affecter leur jugement.
Comment la technologie de reconnaissance faciale de BERGENS se distingue-t-elle des autres solutions sur le marché ?
D’autres algorithmes estiment l’âge des individus, mais ils sont généralement basés sur le cloud. Après plusieurs tests, nous avons obtenu de meilleurs résultats que d’autres entreprises ayant soumis leurs algorithmes à des laboratoires indépendants. Nous sommes les plus précis et nous possédons notre propre technologie. Nous ne sommes pas open source, et notre expertise dans la monétique nous donne une certaine légitimité, car l’analyse des pièces et des billets pour éviter la contrefaçon fonctionne sur un principe similaire.
De plus, notre service est en constante évolution. Nous avons une équipe de développeurs qui travaillent sur l’IA pour l’optimiser en continu.
Où se trouve cette équipe ?
Elle est basée en Angleterre, chez INNOVATIVE TECHNOLOGY.
Mais alors, comment assurez-vous la sécurité et la confidentialité des données des utilisateurs, en particulier avec les réglementations comme le RGPD, sachant que l’Angleterre n’est plus en Europe ?
Depuis le Brexit, le Royaume-Uni a un RGPD qui n’est plus reconnu par l’Europe, et nous en sommes bien conscients. Chez Bergens, nous travaillons donc avec un cabinet juridique spécialisé dans les caméras algorithmiques. Ils réalisent une AIPD (analyse d’impact sur la protection des données personnelles) pour chaque caméra que nous livrons aux buralistes. Nos appareils sont soumis à des normes d’anonymisation : il n’y a pas de prise d’image ni de stockage. Seuls les traits du visage sont captés, et tout reste local. En d’autres termes, nous ne prenons pas de photos, nous n’utilisons pas de cloud pour l’analyse, et il n’y a aucune mémoire volatile. Tout cela est bien détaillé dans l’AIPD.
Par ailleurs, chaque client peut accéder à la politique de confidentialité du buraliste, et ces derniers ont eux-mêmes un dossier RGPD en cas de contrôle.
Comment gérez-vous les potentielles erreurs de reconnaissance faciale ou les faux positifs ?
Les seules petites erreurs que nous relevons concernent les jeunes adultes. Ce n’est pas grave, car il suffit, le cas échéant, de présenter sa carte d’identité. C’est un travail constant pour optimiser l’algorithme. Avec le temps, il s’affinera. L’important est d’éviter qu’un mineur soit signalé par un « bip vert ».
Quels avantages concrets BERGENS offre-t-il aux buralistes et aux vape shops, tant au niveau de la conformité légale que de l’expérience client ?
Étrangement, demander une pièce d’identité peut parfois créer des tensions, alors que la technologie est immédiatement acceptée par les clients.
Le buraliste doit-il prévenir le client qu’il passe au scanner ?
Non. Mais nous fournissons chaque appareil avec des autocollants (voir visuel) qui indiquent l’utilisation de la technologie. Les buralistes sont également formés pour expliquer son fonctionnement en toute transparence.