Avec son compagnon Stéphane D’Élia, elle s’implique sans compter depuis dix ans sur tous les fronts de la vape. Cette pionnière passionnée sort de l’ombre. Tout de suite, sa douceur et sa détermination sautent aux yeux. Calme et posée, Nelly D’Élia raconte son histoire d’entrepreneuse avec modestie et simplicité. Une success-story nourrie par la conviction d’agir pour la bonne cause : le sevrage tabagique et l’accompagnement des vapoteurs à long terme.
Prendre la vague et durer
Tout commence fin 2009 quand Nelly découvre, chez des amis, un gadget qui ressemble à une clope. En bonne geek et grosse fumeuse, elle commande aussitôt deux kits sur Internet, pour essayer. Bien que médiocre, ce premier matériel la bluffe. « En deux jours, je n’ai plus touché une cigarette, mais j’avais gardé le plaisir de fumer. J’ai compris que la vape était une révolution et que, si ça marchait sur moi, le potentiel était énorme. » Stéphane, son complice à la scène comme à la ville, essaie à son tour et, comme elle, est époustouflé.
Cela fait longtemps qu’ils rêvent de travailler ensemble, à leur compte. Ils se lancent en organisant à Saint-Étienne ce qu’on n’appelle pas encore des « vapéros ». Au bout de quelques semaines, le bouche-à-oreille et la demande sont devenus tels qu’ils décident d’ouvrir une boutique. Grâce aux conseils de Matthias Brunelière, ils nouent leurs premiers partenariats avec des fabricants sur le territoire et en Chine, et inaugurent en 2010 la quatrième boutique spécialisée de France. Autant dire qu’ils ont pris la vague avant tout le monde, ou presque !
Nos mots d’ordre : professionnalisme, disponibilité, temps long
Reconnu pour la pertinence et la fiabilité de son catalogue, détenteur du label Vape bleue de la Fivape, le réseau compte aujourd’hui 50 boutiques et un site internet. L’éthique et l’engagement de Cigaverte auprès de sa clientèle en font un des plus solides du marché. « Vapoter est une expérience personnelle et intime qui évolue avec le temps. Notre objectif est de fournir à chacun, du primo au collectionneur, le conseil et le produit qui lui conviennent. Nos mots d’ordre : professionnalisme, disponibilité, temps long. Il n’y a rien de pire qu’une expérience négative en boutique pour dégoûter un vapoteur. Or, développer et partager la vape avec le plus grand nombre, c’est notre mission. »
La colonne vertébrale et le cerveau du réseau
Comme le dit Stéphane, Nelly est « la colonne vertébrale et le cerveau » du réseau. Elle prend en charge l’administratif, le social et la communication, quand lui se concentre sur les aspects de la production, notamment de Titanide, la marque de matériel made in France en titane, garanti à vie, qu’ils ont créée en 2012 avec le souci de commercialiser des modèles élégants et durables.
Plus qu’une entreprise familiale, Cigaverte est une entreprise amicale
S’ils prennent ensemble les décisions essentielles, tous deux favorisent le partage d’idées et le consensus. « Plus qu’une entreprise familiale, Cigaverte est une entreprise amicale. Résultat, notre équipe est soudée et n’a pas peur du changement. » Cette culture d’entreprise, innovante et précieuse, leur a permis de s’adapter aux crises récentes, jusque pendant le confinement : « Nous étions prêts, pour la sécurité de nos collaborateurs, à fermer toutes les boutiques et à répartir le chiffre d’affaires généré en ligne entre tous les membres du réseau. Mais tous nos collaborateurs, sans exception, étaient prêts à rester ouverts avec un système de drive. Nous avons donc assuré une vraie continuité de service et un accompagnement permanent au téléphone et en ligne, pour répondre aux questions comme on le fait en magasin habituellement. Maintenir le lien était essentiel en cette période si particulière. »
Plus que jamais, penser aux primo-accédants
Fascinante capacité d’adaptation et d’anticipation des professionnels de la vape, notamment de ceux qui, comme Nelly et Stéphane D’Élia, ont senti le phénomène alors qu’il était à peine frémissant et se sont engagés dans sa défense globale, économique, technologique, sociale et politique.
Très tôt, Stéphane a entrepris de sensibiliser les médecins à l’importance de la cigarette électronique comme outil de sevrage tabagique. Très tôt, ils ont mis en place des actions à destination du grand public. « Je me rappelle une action à Toulouse. Nous avions installés un stand à proximité de l’endroit où se tenait un colloque de tabacologues. En échange de leur paquet de cigarettes, s’ils acceptaient de le glisser dans la grande jarre transparente au milieu du stand, les gens repartaient avec un kit complet pour découvrir le vapotage. » Nelly, qui ne manque pas une occasion de souligner l’importance de la communauté et de l’entraide, s’est aussi investie dans la défense de la profession en créant avec d’autres le Synapce, un syndicat qui a depuis fusionné avec la Fivape.
Chez Cigaverte, nous regardons vers l’avenir. Et l’avenir, ce sont les primo-accédants
Elle veut croire que la crise sanitaire apportera du bon. « Le secteur va sans doute connaître une période de récession, mais notre chance c’est que 70 % des fumeurs qui s’intéressent à la vape le font pour des raisons économiques. Le paquet de cigarettes à 10 euros est une bonne raison de songer à arrêter. Le fait que le corps médical soutienne la vape et que les boutiques spécialisées aient été reconnues d’utilité publique pendant le confinement devrait aider à faire revenir la confiance. Chez Cigaverte, nous regardons vers l’avenir. Et l’avenir, ce sont les primo-accédants. »
À la journaliste qui écrit ce portrait de femme, Nelly et Stéphane D’Élia ont fourni un bel exemple de féminisme. Entre eux, aucune hiérarchie de genre, de fonction, d’implication. L’un commence une phrase, l’autre la termine. Parfaite équité. Il suffit de les écouter et de les regarder agir pour se convaincre que la défense de la vape est une lutte essentielle pour faire advenir le monde de demain.