Interdiction de la vape en terrasse : une mesure contre-productive

L'Union européenne intensifie sa lutte contre le tabac et envisage de nouvelles restrictions, y compris l'interdiction de fumer en terrasse et dans d'autres espaces publics extérieurs. Si cette initiative est largement soutenue pour protéger la population des méfaits bien documentés du tabagisme passif, l'inclusion de la vape dans ces restrictions soulève des questions. En effet, de nombreuses études montrent que le vapotage passif n’a rien à voir avec la fumée de tabac en termes de dangerosité pour l’entourage, ce qui laisse à penser que l’interdiction du vapotage en terrasse serait contre-productive et infondée.

Interdiction de la vape en terrasse : une mesure contre-productive

Le tabagisme passif : une menace avérée

La justification principale pour interdire le tabac dans les lieux publics, y compris en extérieur, est l’effet nocif du tabagisme passif. Selon l’Agence nationale de santé publique, l’inhalation involontaire de fumée de cigarette peut causer de graves problèmes de santé, notamment un risque accru de maladies cardiovasculaires, d’infarctus et de cancers. Un non-fumeur vivant avec une personne fumeuse voit son risque de développer un cancer du poumon augmenter de 25 %. Chaque année, on estime que le tabagisme passif cause des milliers de décès en Europe.

Vape passive : une exposition bien moins nocive

Une étude récente menée aux États-Unis apporte des éclaircissements cruciaux sur la différence entre la fumée de cigarette et la vapeur de cigarettes électroniques en termes d’exposition à la nicotine. L’étude a mesuré les niveaux de cotinine, un marqueur fiable d’absorption de nicotine, chez 1 777 enfants exposés soit à la fumée de cigarette, soit à la vapeur de e-cigarettes, soit à aucune de ces deux substances.

Les résultats sont éloquents : les enfants exposés à la fumée de tabac avaient des taux de cotinine environ six fois plus élevés (0,494 µg/L) que ceux exposés à la vapeur de cigarette électronique (0,081 µg/L). Certes, la vapeur des e-cigarettes entraîne une exposition à la nicotine, mais à un niveau bien inférieur. Ces chiffres montrent que la vape passive est bien moins nocive que le tabagisme passif traditionnel, même si elle n’est pas complètement exempte de risques.

La vapeur d’e-cigarette : pas de toxicité avérée

En 2015, une étude norvégienne est venue conforter cette distinction en exposant des non-fumeurs à la vapeur de cigarette électronique en intérieur. Les chercheurs n’ont trouvé aucune trace de produits toxiques dans le sang des participants, à l’exception de la nicotine, qui, bien que responsable de la dépendance, n’est ni toxique ni cancérigène. À la différence du tabac, les e-cigarettes ne contiennent ni goudron ni monoxyde de carbone, deux substances cancérigènes présentes dans la fumée traditionnelle.

Les experts de la santé, y compris les tabacologues, s’accordent sur ce point : à ce jour, aucune étude scientifique n’a démontré que l’exposition à la vapeur de cigarette électronique cause des maladies graves chez les non-fumeurs. En effet, la nicotine elle-même, en dehors de son pouvoir addictif, ne présente pas les mêmes dangers que les composants toxiques du tabac.

Une interdiction jugée contre-productive

Face à ces preuves, de nombreux spécialistes de la santé s’interrogent sur la pertinence d’inclure les e-cigarettes dans les mêmes restrictions que le tabac. Dans un article récent de nos confrères de RTL, plusieurs tabacologues ont exprimé leur inquiétude quant à une interdiction du vapotage en extérieur, considérant que celle-ci serait contre-productive. Ils soulignent que le vapotage, bien qu’imparfait, constitue un outil efficace pour réduire la consommation de tabac, notamment en aidant les fumeurs à se sevrer.

En interdisant l’usage de la cigarette électronique dans des lieux publics extérieurs, on pourrait freiner la transition des fumeurs vers une alternative moins nocive. Cette mesure risquerait également de véhiculer un message erroné : que vapoter est aussi dangereux que fumer, ce qui pourrait décourager certains fumeurs d’essayer de se détourner du tabac au profit de la e-cigarette. Une telle confusion est d’autant plus problématique que, contrairement à la fumée de tabac, la vapeur de cigarette électronique ne contient pas de substances toxiques à des niveaux dangereux pour la santé publique.

Une réglementation nuisant à la lutte contre le tabagisme ?

L’objectif de l’Union européenne, qui est d’instaurer une « génération sans tabac », est ambitieux et mérite d’être salué. Toutefois, en assimilant le vapotage à la cigarette, les décideurs risquent de s’attaquer au mauvais problème. En effet, la cigarette électronique, bien qu’elle ne soit pas sans risques, représente une alternative beaucoup moins nocive au tabac. Les études montrent qu’elle expose les personnes alentour à une quantité infinitésimale de nicotine, bien en deçà des seuils pouvant présenter un danger réel pour la santé.

De plus, limiter la visibilité du vapotage en public, comme cela est suggéré par l’OMS, pourrait paradoxalement ralentir la transition des fumeurs vers cette alternative moins nocive. En stigmatisant le vapotage de la même manière que le tabac, on risque de freiner un outil potentiel de sevrage qui pourrait contribuer à la réduction globale du taux de fumeurs en Europe.