Grossesse et vapotage : l’étude de Sovape

Arrêter de fumer est un enjeu de santé majeur pour les femmes enceintes. Sovape s’est penché sur la question et publie la première étude française vraiment précise et pointue sur ce sujet. Au passage, l’association dénonce un avis particulièrement suspect et « dangereux » émis par le Collège national des gynécologues.

Grossesse et vapotage : l’étude de Sovape

Selon les données de Santé publique France, « moins de la moitié (45,8 %) des femmes fumeuses avant d’être enceintes réussissent à arrêter de fumer durant leur grossesse ». Pour les 54,2 % de fumeuses enceintes qui n’y parviennent pas, l’enjeu de santé est majeur. Des études gynécologiques et obstétriques démontrent que le tabagisme est associé à un faible poids de naissance, mais aussi à un risque de fausse couche ou de naissance prématurée. Tous ces éléments culpabilisants, en ajoutant la pression sociale, rendent l’arrêt encore plus difficile. Dès lors, le vapotage apparaît comme un précieux outil d’aide au sevrage.

Pour en avoir le cœur net, l’association Sovape s’est plongée dans de nombreuses études scientifiques et a recueilli les avis d’éminents professionnels. Le résultat : un volumineux document, « Grossesse et vapotage », à consulter librement sur son site web. Il fait le point sur le rôle potentiel du vapotage pendant la grossesse, et dénonce également l’avis du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF).

La vape réduit d’au moins 95 % les risques par rapport à la cigarette combustible

On y apprend notamment qu’en France, la méthode la plus utilisée par les fumeurs pour arrêter reste « l’arrêt franc sans autre aide », mais avec plus de 95 % de rechutes à six mois. Les méthodes d’arrêt sur prescription médicale (bupropion et varénicline) sont contre-indiquées pour les femmes enceintes en raison des risques d’effets secondaires. En revanche, les substituts nicotiniques restent recommandés, l’Assurance-maladie indique que « leur utilisation durant la grossesse est moins nocive que de continuer à fumer : [ils] aident à éviter le phénomène de compensation et augmentent les chances d’arrêt »

Et le vapotage alors ? Citant un rapport de la Royal Society for Public Health, Sovape indique qu’« [il] offre un apport efficace de nicotine, sans exposer l’utilisateur aux nombreuses substances chimiques nocives présentes dans le tabac ». Les grandes études internationales sont désormais formelles à ce sujet : l’e-cigarette réduit d’au moins 95 % les risques par rapport à la cigarette combustible.

Plusieurs études soulignent l’intérêt de la vape chez les fumeuses enceintes

Dans son dossier, Sovape cite une étude menée à Leicester, en Angleterre. « Sur la période 2016/2017, sur les 228 utilisatrices enceintes du service d’arrêt tabagique de Leicester, 85 ont utilisé le vapotage, accompagné ou non de substituts nicotiniques, avec un taux d’arrêt réussi de 60 %. En comparaison, le taux de réussite a été de 32 % avec les seuls substituts », concluent les chercheurs britanniques.

Une autre étude menée à Dublin, que nous avions évoquée en mars dernier, s’intéresse plus précisément à l’une des conséquences connues du tabagisme pendant la grossesse. Ses auteurs ont observé un poids moyen similaire (3,47 kg) des nourrissons des mères non fumeuses et des mères vapoteuses, tandis que les nouveau-nés des mères fumeuses pèsent en moyenne 300 grammes de moins (3,16 kg). 

Même constat du côté des autres risques couramment répandus. « Poids à la naissance, temps de gestation à l’accouchement, absence de morbidité maternelle grave, modes d’accouchement, traumatismes périnéaux, hémorragie post-partum, taux de naissance prématurée et mises en couveuse étaient similaires entre les accouchements de mères vapoteuses et non fumeuses », concluent les chercheurs.

L’importance des conseils des professionnels de la santé

Si le vapotage apparaît ainsi comme le meilleur compromis pour les fumeuses enceintes qui ne parviennent pas à un « arrêt franc », réduisant les risques ainsi que leur niveau de stress et celui de leur enfant, Sovape rappelle que « la disposition des femmes [à y recourir] pendant la grossesse est influencée par les conseils de leurs professionnels de santé ». Et à ce niveau, on constate de profondes disparités entre les pays. 

Au Royaume-Uni, le Smoking in Pregnancy Challenge Group publie un grand nombre de ressources à destination des femmes enceintes et des professionnels de la santé. Le Collège royal des sages-femmes britanniques prend également position en faveur de l’e-cigarette. « Le vapotage contient certaines toxines, mais à des niveaux bien inférieurs à ceux de la fumée de tabac. Si une femme enceinte fumeuse choisit d’utiliser le vapotage et que cela l’aide à arrêter de fumer et à rester non-fumeuse, elle devrait être soutenue dans sa démarche », indique le compte-rendu public.

En France, une « mise en danger manifeste des femmes et enfants »

À l’inverse, en France, le vapotage fait l’objet d’un dangereux amalgame chez certains professionnels de la santé. Citant un rapport de janvier 2020 du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CGNOF), Sovape parle de « recommandations dangereuses ». « Il est recommandé de déconseiller l’initiation ou la poursuite des produits de vapotage pendant la grossesse. Chez les utilisatrices de produits de vapotage, il est recommandé de dispenser les mêmes conseils de sevrage que pour le tabagisme », conclut le document à l’attention des gynécologues et obstétriciens. 

Des conseils apparemment suivis par des professionnels. « Combien de femmes enceintes sont venues, ces derniers temps, à ma consultation d’aide à l’arrêt du tabac, en ayant repris le tabac, alors qu’elles avaient brillamment arrêté de fumer avec la vape ?, témoigne Marion Adler, médecin et tabacologue à l’hôpital Antoine-Béclère de Clamart. Leur gynécologue leur avait déconseillé la poursuite de la vape pendant leur grossesse… La reprise du tabac est alors très rapide. »

Elle poursuit : « Pour toutes ces femmes enceintes et leurs bébés, soyez celui ou celle qui donnera le bon conseil et non l’inverse : pesez le rapport bénéfice/risque, interrogez ces femmes, suivez vos patientes en fonction de leur ressenti, de manière transparente ; pour qu’elles sachent que le tabac est l’un des pires facteurs de risque obstétrical, et que la vape sera toujours mieux que la reprise du tabagisme. »

S’adressant lui aussi aux professionnels de la santé, le Dr William Lowenstein, spécialiste des addictions, porte un message tout aussi clair. « Laissez, sans crainte, les femmes vapoter quand cela leur a permis de se sauver du pire criminel de paix, du pire serial killer que l’Homme ait inventé : le tabac fumé, écrit-il. L’enfant vous sera éternellement reconnaissant d’éviter, 10 ou 20 ans après sa naissance, à leur mère de mourir d’un infarctus du myocarde, d’un AVC, d’un des nombreux cancers induits par la combustion ou d’une BPCO. Et vous continuerez de faire un des plus beaux « métiers » du monde ». Sovape a adressé un courrier au CNGOF ainsi qu’à toutes les organisations ayant cosigné cet avis relevant d’une « mise en danger manifeste des femmes et de leurs enfants ». Sans réponse après un mois et demi.

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