Vape 47 : bon nez, bon œil

En 2013, Alexandre et Ludovic, cousins comme cochons depuis l’enfance, ont chacun leur boulot. Le premier, ingénieur de formation, évolue dans le milieu de la mode, sur la partie digital et réseaux sociaux. Le second, qui a étudié le droit des affaires puis le commerce, travaille à la Fnac, après deux années passées chez Sony Music. Un beau jour, un ami leur présente une cigarette électronique. Pour eux, c’est le début de l’aventure vapologique. Et il y a tout à faire… Le matériel n’est pas au point et l’offre en e-liquides demeure très restreinte.

« Le matériel cramait, les flacons et les étiquettes étaient moches et les saveurs, simples. C’était souvent des mono-arômes », rappelle Alexandre. Sans forcément penser à en faire un business, tous deux se mettent en tête d’élaborer leurs propres recettes. « On passait soirées et week-ends à faire des assemblages, avec des arômes achetés à droite, à gauche, en Italie, aux États-Unis. »

La suite arrive comme une évidence. Convaincus d’avoir de bonnes recettes, à force de mélanges, de calculs et de dégustations, ils créent une petite marque, Thenancara. En tout et pour tout, trois e-liquides complexes, raffinés (dont le fameux Shinshiro), et un premier batch de 400 flacons qui vont se vendre comme des petits pains, dans une dizaine de boutiques soigneusement sélectionnées.

Après quelques mois, les deux cousins partis de rien (1 500 euros chacun, et une seringue pour les tout premiers remplissages) ont engrangé une belle somme, en réinvestissant à chaque fois le fruit de leurs ventes dans un nouveau lot d’e-liquides. Le moment est venu de prendre LA décision : l’un après l’autre, ils quittent leurs boulots respectifs pour se consacrer pleinement à cette activité aussi lucrative que passionnante. « Le bon timing et l’envie d’y aller… »

Petit à petit, Alexandre et Ludovic s’équipent de matériel acheté en Chine : une embouteilleuse, une étiqueteuse, une pompe péristaltique… « On a fini par se dire qu’il fallait trouver quelqu’un pour faire ça. On voulait rester à Paris et continuer d’innover, de lancer des liquides, mais on n’avait pas les volumes pour créer un labo. » C’est à cette période qu’ils rencontrent leur sous-traitant actuel, qui deviendra leur partenaire historique. La suite, beaucoup la connaissent. Vaporigins, Ever Vape, Furiosa Skinz, Furiosa Classics, Furiosa Eggz : autant de marques qui ont contribué à installer durablement Vape 47 dans le paysage de la vape, avec un univers graphique à nul autre pareil.

 

Les temps ont changé

Près d’une décennie plus tard, les deux entrepreneurs sont toujours là, à la tête de leur petite entreprise. Cependant, ils évoluent dans un secteur qui a notablement changé. « Les acteurs du marché s’intéressent de plus en plus à l’activité du voisin. Les distributeurs se mettent à faire des liquides, les revendeurs veulent distribuer pour les petits réseaux de boutiques qu’ils agrègent… La période est assez mouvante », constate Ludovic. « Le nombre de fumeurs qui ont adopté la cigarette électronique pour se sevrer du tabac a atteint un plateau. Donc, forcément, il y a moins de croissance, ajoute Alexandre. Du coup, les professionnels vont chercher la croissance en élargissant leur panel de métiers. Et puis, en parallèle, il y a l’arrivée des Chinois, qui veulent prendre leur part du gâteau. Avec les puffs, ils y arrivent assez bien, d’ailleurs. »

L’évolution du marché se traduit également par un changement dans la façon d’élaborer les liquides. « Pour la partie recettes, on doit répondre à un cahier des charges un peu différent de celui qui était le nôtre il y a cinq ans, confie Alexandre. Quand on a lancé le premier Furiosa Vapor, on faisait du 90 % VG car les utilisateurs vapaient beaucoup sur dripper, sur des gros atos qui suçaient du jus. »

Il y a aussi la question du développement aromatique. Pas évident, en effet, de trouver de nouvelles combinaisons dans un marché où le champ des possibles s’est considérablement resserré. « Aujourd’hui, beaucoup de produits qui sortent sont des copies de best-sellers, constate Alexandre. Tout le monde veut son Ragnarok ou son Red Astair. Mais il reste quand même des choses à faire en dehors de ça. Globalement, les gens sont sur des devices moins puissants qu’il y a quelques années et, donc, il faut monter un peu en arômes. » D’ailleurs, les fabricants d’arômes eux-mêmes ont évolué, et plutôt dans le bon sens. « Au début, ils nous ont vus arriver, ils nous vendaient du sucre, de la fraise, des aldéhydes, et plein de choses qui n’avaient rien à faire dans les e-liquides. Et puis, ils se sont spécialisés, leur catalogue s’est amélioré. Tous ont leur département vape, désormais. Ça s’est professionnalisé. »

Limage, ya que ça de vrai !

Mais ce qui continue de motiver les deux entrepreneurs, par-dessus tout, c’est le travail sur l’image. « Le truc le plus sexy, qui nous plaît vraiment, c’est de bosser des identités de marque, affirme Ludovic avec force. Réfléchir pour faire en sorte que nos produits soient bien visibles et mis en valeur en boutique. Quand un consommateur entre dans un shop et qu’il voit une étagère remplie de boîtes tout en couleurs et en images, c’est hyper jouissif pour lui, par rapport à des paquets de clopes noirs où figure en plus la mention “Fumer tue”. Nous, on a la chance de travailler sur un produit qui nous permet d’exprimer tout un tas d’idées, de concepts. »

Pour autant, le contexte n’est plus aussi favorable que durant les premières années. Et le défi est de taille. « Au début, c’était facile, rappelle Alexandre. Il suffisait de créer une identité un peu léchée et tout le monde était content. Mais la concurrence a fait que ça se tire la bourre, aujourd’hui. La vape a son propre univers, ses propres codes, etc. Je ne dirai pas qu’on en a fait le tour, mais il y a pléthore de chartes graphiques qui se sont créées. D’ailleurs, quand une marque lance une nouvelle gamme, on se dit souvent “Tiens, ça me fait penser à ci, à ça”. »

Et puis, comme dans d’autres secteurs, les lancements suivent des tendances. « En ce moment, on voit beaucoup de personnages sur les flacons d’e-liquides, comme les Fuel Fighters, inspirés de Street Fighter, observe Ludovic. En 2017, nous avons lancé le premier Furiosa Vapor (“Dragon Clouds”) et depuis, de nombreuses marques ont sorti des gammes avec un univers du type jungle. Du coup, on essaie de déconstruire un peu ce qu’on a fait auparavant et de sortir de ce truc hyper personnifié. C’est très stimulant. Par exemple, nous sommes les premiers, je pense, à avoir conçu une boîte avec un traitement holographique. »

La puff, un moindre mal

Autre preuve de cette passion pour le beau, le léché : l’Enfer Bar. Cette puff maison (ou presque, car fabriquée en Chine, par Smoore) se distingue clairement, par son design ultra-soigné et ses caractéristiques atypiques, des vapes jetables que l’on trouve sur le marché. Mais comment défendre un tel produit lorsqu’il suscite tant de débats ? « Quand on se lance dans la vape, il faut apprendre tout un tas de notions : le PG/VG, les taux de nicotine, l’atomiseur, le pin 510… Ça reste complexe. Là, on a un produit hyper simple, qui a bon goût (celui de l’Enfer original en l’occurrence, NDLR) et qui ne crame jamais », s’enthousiasme Alexandre.

« Le but, ce n’est pas que tout le monde soit sur un système fermé. Le système ouvert a bien sûr un bel avenir et, pour le démocratiser, il faut faire entrer les gens dans la vape, affirme Ludovic. En presque dix ans, deux millions de fumeurs sont passés à la vape. Il en reste quand même dix millions à convertir. Et je pense que la puff peut être un formidable levier pour passer ce cap. »

Bien sûr, il y a eu le “bad buzz” avec les gamins. « Je pense que certains fabricants jouent un jeu dangereux avec ça, déplore- t-il, mais si ma mère ne fume plus, par exemple, c’est grâce à la puff, alors que ça fait huit ans que j’essaie de la mettre à la cigarette électronique. » Quid de l’impact environnemental ? Pour Alexandre, « c’est une phase temporaire, qui peut être nécessaire pour des raisons de santé publique. L’aspect écologique n’est pas un problème insoluble. Je suis certain qu’on trouvera des solutions et qu’on arrivera à faire en sorte, par l’innovation, que les puffs soient de plus en plus recyclables et recyclées. »

Des « goûts de lespace »

À l’heure où nous bouclons ce numéro, à quelques semaines du Vapexpo Paris, la team Vape 47 fourbit ses armes. Et elle n’en manque pas. Il y a d’abord cette nouvelle gamme de juices, Æther, en format 80 ml. « On les a imaginés comme des “goûts de l’espace”. Dans chacun des liquides, on a une note éthérée, bizarre, parfois un peu chimique, parfois florale. On voulait que ça sorte du lot. De ce concept est née une identité visuelle, quelque chose d’acidulé, de coloré, qui fait penser à des corps astronomiques multicolores. »

La gamme se compose de trois saveurs. « Pas de gourmand, ni de tabac, uniquement du fruité, de frais à très frais, avec des touches de violette, de poire, de sureau, de litchi, de rose en notes complémentaires, au niveau du nez, qui vont donner aux liquides leur identité, pour éviter de faire une énième fraise-pitaya. » Parallèlement, l’équipe peaufine les derniers détails scénographiques (attention, va y avoir du buis !) pour son stand de 40 mètres carrés. « On veut faire parler le produit, donc on essaie de faire un truc propre et efficace mais modeste. On ne va pas s’amuser à faire un escalier de trois étages avec des pépètes en roller, les fesses à l’air. Ce n’est pas notre ADN », conclut Ludovic.

Nos remerciements à Seheno, Ludovic et Alexandre pour leur accueil chaleureux.

UNE DISTRIBUTION SOUS CONTRÔLE

Chose suffisamment rare pour être signalée : gamme Enfer mise à part, les produits Vape 47 ne sont disponibles que chez Vape 47. Explication : « Depuis le début de l’activité commerciale, on est en contact avec nos clients, nos boutiques, et c’est quelque chose qu’on ne veut pas lâcher. On n’a rien contre les grossistes mais nous tenons, avec notre équipe commerciale, à rester les distributeurs exclusifs de certaines de nos marques. C’est un gage de qualité dans la relation que nous entretenons aujourd’hui avec les 600 comptes clients qui tournent avec nous en direct. On peut échanger, savoir ce qu’ils ont vendu, combien, leur proposer des offres, des opérations, de la PLV. Ce qu’un distributeur n’a pas le temps de faire. Cette maîtrise de la distribution, c’est aussi ce qui fait la valeur de l’entreprise Vape 47. »

Titanide : le titan qui veut détrôner Zeus

Dans la mythologie grecque, les Titans sont des divinités géantes qui régnaient sur Terre avant les dieux de l’Olympe. Jusqu’au jour où Zeus, fils caché d’un Titan lassé de la tyrannie de son père, s’engagea dans une guerre contre ces géants, qu’il finit par gagner pour devenir le dieu des dieux. Depuis, il règne au sommet de l’Olympe et les Titans, relégués dans les bas-fonds du panthéon, sont tombés dans l’oubli.

Mais, alors que l’on pensait cette mythique guerre terminée, le Titan de Titanide, atomiseur subohm à résistances « industrielles », compte bien profiter du Vapexpo 2022 pour retrouver les sommets, dans un monde cette fois bien réel.

Trois géants amis

Titanide, Cigaverte, Le Petit Vapoteur. Voilà des noms familiers. Et pour cause, ces trois entreprises figurent parmi les plus importantes du secteur. Stéphane D’Elia, Brice Lepoutre et Tanguy Gréard sont un peu moins célèbres que leurs sociétés respectives. Les patrons de ces trois entités sont unis par une relation d’amitié qui dure depuis les débuts de la vape.

Ce lien leur permet de mettre de côté l’aspect concurrentiel qui peut les opposer sur le marché, et de prendre plaisir à monter des projets ensemble. Cette camaraderie nous a offert l’opportunité de les interroger tous les trois, lors d’une interview croisée durant laquelle ils nous ont présenté – entre deux éclats de rire – leur stratégie commune pour faire du Titan le dieu des atos. Car au-delà d’une somme d’innovations techniques, ce divin clearo emprunte un itinéraire inédit pour se frayer un chemin jusqu’aux lèvres des vapoteurs

Confiné à la R&D

Stéphane D’Elia s’en est vite aperçu lors du premier confinement : la Covid-19 et la situation économique qui en a découlé ont eu de grosses répercussions sur le segment du high-end dans la vape. Face aux incertitudes, les shops n’ont pas eu d’autre choix que de le délaisser pour se concentrer sur le moins cher, le moins risqué pour leur trésorerie. Stéphane savait que son entreprise allait être en sommeil pendant tout le temps de la crise, mais lui ne s’est pas endormi.

Il s’est confiné à la R&D, avec cet objectif : proposer un atomiseur simple d’utilisation, dont les résistances seraient les plus durables et offriraient le meilleur rendu de saveur. Il avait collaboré quelques années avec les Jean de Fuu, qui l’avaient déjà convaincu qu’on peut faire produire des atos de très bonne qualité par les entreprises chinoises dès lors qu’elles sont sélectionnées avec soin et que le cahier des charges est très précis.

C’est ainsi qu’était né le Leto, conçu en France et fabriqué en Chine. Il a tellement travaillé sur ce nouveau projet qu’il est arrivé à un niveau de satisfaction jamais atteint auparavant dans la conception d’un ato. Cette pépite le vaut bien : depuis le début, Stéphane gardait le nom « Titan » bien au chaud, attendant le produit parfait pour en faire la figure de proue de sa marque.

Zeus killer

Le Titan vient clairement se frotter au Zeus de Geekvape. Si Titanide ne s’en cache pas, c’est parce qu’elle n’a rien contre la marque chinoise. Au contraire, il faut y voir une forme de reconnaissance, le clearomiseur
du sponsor du PSG étant devenu une référence. Stéphane part de cet ato et de ses résistances, en cherchant à l’améliorer. Il est convaincu que le résultat sera fantastique. Il commence donc à l’étudier sous toutes ses coutures, repérant tous les points susceptibles d’être améliorés.

Deux ailettes en moins, des pas de vis plus courts pour permettre un changement de coil ultra-simple en double quart de tour, quelques innovations supplémentaires apportées aux résistances, disponibles en 0,2 et 0,4 et composées de mesh et de coton… Le tour est joué. L’atomiseur en lui-même a aussi été repensé, toujours dans le but de le rendre plus pratique et plus fiable : ouverture très simple du top-cap pour le remplissage, top-airflows afin d’éviter toute fuite, design sobre et intemporel. Il n’est d’ailleurs proposé qu’en noir ou en inox, pas de rose à paillettes ou d’autre coloris qui lui ferait perdre de sa superbe. Cerise sur le gâteau, le Titan permet de loger plus de liquide que le Zeus.

Petite vapeur, grosse exclu

Après trois ans de travail, enfin, Stéphane reçoit son Titan, tout juste sorti des unités de production chinoises. L’avoir conçu et fait fabriquer, c’est bien beau, mais le plus important, c’est quand même de le vendre. Or, la distribution en B2B, ce n’est pas vraiment son métier. Il fait donc appel à son expert en la matière, celui à qui il a confié la direction de Cigaverte deux ans plus tôt : Brice. Ensemble, ils réfléchissent à la meilleure stratégie pour toucher les pros. Ils auraient pu, comme tout le monde, choisir de le proposer à l’ensemble du marché, à tous les grossistes… Mais, au contraire, ils ont opté pour l’exclusivité, ce qui rend le Titan encore plus insolite. Ainsi, seul Le Petit Vapoteur Pro le propose à la vente B2B !

Ce n’est pas un hasard car, au-delà de l’amitié qui les unit à Tanguy, Stéphane et Brice ont sélectionné le géant européen de la vente de vape. Une entreprise à la croissance hallucinante, qui fait pourtant figure de petite nouvelle sur le marché B2B auquel elle ne s’est ouverte qu’il y a un an et demi. Et Tanguy en a bien conscience : sur ce secteur, ils doivent encore faire leurs preuves. Avoir l’exclu sur le Titan est d’autant plus gratifiant pour lui. « Ce qui nous fait plaisir, c’est que le sérieux de LPV Pro soit reconnu par des entreprises aussi qualitatives que Cigaverte et Titanide. »

L’aventure dans laquelle les trois sociétés se sont engagées n’est pas près de se terminer : le Titan sera bientôt accompagné de produits qui partagent avec lui le goût de l’innovation et le souci de la perfection.

Professionnels, pour commander :
Le Petit vapoteur

CARACTÉRISTIQUES
Type de vape : DL
Drip-tip : 810
Dimensions : 40 × 26 mm
Contenance : 3,9 ml (pyrex droit) ou 5,2 ml (bubble)
Résistances : Titan 0,2 Ω (50-80 W) et 0,4 Ω (30-50 W)
Matériaux : Inox 304, laiton plaqué or et Delrin

DÉFI TECHNIQUE
Titanide veut faire de ses résistances les nouvelles références du genre. Ainsi, au prix de nombreuses heures de R&D, ils sont parvenus à rendre ces coils compatibles avec le Zeus de Geekvape. Bien pratique pour pouvoir comparer leurs performances en conditions réelles. En revanche, cela ne pourra se faire que dans un sens puisque les coils Geekvape ne sont pas utilisables dans le Titan.

AUTRE AMI, AUTRE EXCLU
Stéphane a décidément plein d’amis dans la vape. Entre autres, Jérôme, du Labo basque, avec qui il partage une passion pour la musique des années 1980. Ensemble, ils ont décliné une gamme de juices inspirés des cultures new wave et post-punk.

Solana E-liquides : un nouveau cap

Pour le fabricant nordiste, c’était une évidence. Après avoir bâti sa réputation sur des recettes d’e-liquides savoureuses, souvent exotiques mais simples, avec des étiquettes très sobres, Solana s’est adapté à la nouvelle réalité du marché. Un marché où l’impact visuel et la puissance aromatique ont pris toute leur importance, dans le sillage de la crise sanitaire. Explications avec Rodolphe Thellier, directeur général.

La dernière fois que nous avons échangé, c’était à l’automne 2021, à l’occasion du lancement de la gamme Barnum Show. Où en est Solana E-liquides aujourd’hui ?
Rodolphe Thellier :
Après avoir connu une période assez tumultueuse avec les multiples confinements, on est soulagés que cette crise sanitaire soit derrière nous. Actuellement, on est dans une dynamique où on s’attache à moderniser notre image. On a changé notre logo ; on a entièrement refait notre site web ; on a sorti trois gammes complètement différentes, visuellement, de ce qu’on avait fait jusque-là, avec des univers beaucoup plus prononcés. Et on continue dans cette voie-là. C’est le message que l’on souhaite faire passer.

On a eu des retours des gens qui travaillaient nos produits et qui disaient « C’est un petit peu sage », « Ça manque un peu de peps au niveau du goût ». On a bien entendu toutes ces remarques et on corrige le tir pour coller à leurs attentes. En termes graphiques, d’une part, car l’impact visuel en boutique a pris une grande importance. D’autre part, en termes de concentration aromatique, de façon à ce que les gens soient satisfaits de la saveur et qu’ils aient envie d’y revenir.

Concrètement, comment se traduit cette modification au niveau des liquides ?
On a augmenté la concentration aromatique de certains jus et toutes nos nouvelles gammes sont travaillées pour coller beaucoup plus à l’actualité. Quand on observe le marché, on voit que les jus qui se vendent bien ont une concentration aromatique très forte. Aujourd’hui, c’est l’une des demandes exprimées par la clientèle, une demande qu’on n’avait pas forcément quand on a commencé en 2014.

C’était même un autre message, il y avait des gens qui trouvaient ça écœurant, mais on avait déjà des produits comme le Red Astair, qui était très puissant. On a tous eu l’exemple de quelqu’un qui a commencé à vapoter du Red Astair et qui avait beaucoup de mal à s’en défaire, parce que ce jus avait énormément de goût et qu’il trouvait le reste fade. Il y avait donc déjà des signaux qui montraient que ça allait évoluer dans ce sens-là, mais ce sont des signaux que l’on a sans doute interprétés un peu tard.

Vous avez malgré tout conservé les fidèles des premiers temps, les amateurs du Guanabana, par exemple ?
Beaucoup, oui, même si certains travaillent mieux d’autres références aujourd’hui. En ce qui concerne le Guanabana, c’est un liquide que l’on trouve encore chez tous les grossistes, dans énormément de grosses structures, des chaînes, des groupes. Il y a aussi le Framboise-Passion, le Kero Zen, qui sont disponibles dans de nombreux points de vente, et heureusement pour nous ! Ça prouve que nos produits plaisent toujours.

On reste très actifs. On a sorti trois gammes depuis l’automne dernier, que l’on a également déclinées en concentrés 30 ml, un format que l’on ne faisait pas auparavant et qui plaît. On a aussi lancé une édition limitée du Guanabana en 200 ml, un clin d’œil à ce produit qui nous a fait connaître. Et on a deux belles gammes qui arrivent à la rentrée. Une gamme qui va s’appeler Walking Red, à base de fruits rouges ; et une autre, Wax, d’inspiration africaine.

Ce qui ressemble davantage à l’univers des débuts avec des recettes inspirées de vos voyages…
Exactement. On essaie toujours d’être dans la découverte, même si on sait aujourd’hui que le marché est régi par la règle du 80/20. En clair, 80 % des ventes se font sur 20 % des références. C’est comme dans les paniers de Yoplait : il y a toujours la fraise, la framboise…

Mais il faut savoir innover de temps en temps pour montrer qu’on est à la recherche de saveurs intéressantes, originales, et partager des découvertes qui nous ont plu, tout en proposant des classiques pour répondre aussi bien au grand public qu’à certaines niches, qui sont peut-être un peu plus exigeantes.

Comment ça se passe en ce qui concerne la fabrication des jus ?
Notre usine se situe dans le nord de la France, et nos collaborateurs y ont chacun des compétences bien spécifiques. Xavier, laborantin hors pair ; Antho et Chris, les opérateurs machine, toujours aux avant-postes pour améliorer la qualité des produits finis ; Malika, notre préparatrice de commandes, hyper-attentive et appliquée ; et Marjorie, commerciale au téléphone, qui soigne nos clients chaque jour. Et puis, il y a Marie-Anne, qui s’occupe d’une grande partie de l’activité. On bosse avec des graphistes pour créer les différentes gammes, mais, bien évidemment, une fois qu’on a le matériel de base, il faut faire un bandeau, une newsletter, beaucoup de supports de communication, et ça, c’est nous qui nous en chargeons en interne. Quant à moi, je m’occupe de l’organisation, de la gestion des salariés, des contacts avec les gros clients et de la stratégie d’une manière générale.

Pour prendre ce virage graphique, vous avez recruté des graphistes ?
Ils ne sont pas dans nos murs, il s’agit d’intervenants. On définit une mission, il y a plusieurs personnes qui présentent un pré-projet, et on retient celle qui nous semble la plus capable et qui colle le plus à notre attente. C’est vraiment sympa : je trouve qu’ils sont porteurs d’un autre point de vue, d’un autre univers. On le voit bien sur les gammes Barnum Show, Wanted et Sagas : il y a un univers qui se dégage et que l’on n’avait pas sur nos autres produits.

C’est de cette manière qu’on travaille, maintenant, de façon à pouvoir toucher différentes typologies de clients et de consommateurs. Les uns vont être attirés par le gore, d’autres par le voyage, d’autres encore vont demander quelque chose de très simple, de monacal à la limite, parce que ça reste leur petit péché. Il faut réussir à composer avec toutes ces attentes, afin de proposer LE e-liquide qui leur corresponde.

Ces collaborateurs goûtent-ils les jus avant de travailler sur le projet ?
Certains, oui. Ceux qui sont vapoteurs, forcément. Par exemple, pour la gamme Barnum Show, on a travaillé avec un graphiste qui, effectivement, a pris plaisir à goûter les différentes saveurs, ce qui a donné entre autres Lady Baba, avec sa grosse coiffure en forme de barbe à papa, La Créature, ce personnage tout en noir, comme la réglisse, ou encore Lucile l’Arlequine, pour le bonbon Arlequin.

C’est vous qui donnez le cap ou vous laissez carte blanche au graphiste ?
Au départ, on lui indique l’univers qu’on a défini. On va chercher des images, des couleurs, des noms… Avec tout ça, il nous fait une première proposition, qui va nous permettre de corriger le tir. La plupart du temps, on a de la chance, on a affaire à des professionnels qui comprennent vite ce qu’on recherche. Donc, il n’y a pas 36 allers-retours. À l’issue du premier croquis, on se met d’accord sur les corrections à apporter et, en général, le deuxième croquis est bon à 90 %. Après, c’est vraiment du détail.

Il y a certains graphistes avec lesquels on a envie de retravailler parce que la collaboration se passe très bien, on apprécie leur travail, on aime leurs goûts. Mais on n’a pas non plus envie de s’enfermer dans un nouveau style unique. C’est la raison pour laquelle on fait appel à différents collaborateurs. Quand on arrive à la fin du process et qu’il reste deux options pour une boîte, pour une fiole, on tranche en interne, via un groupe WhatsApp dont font partie tous les employés de l’entreprise. Chacun donne son envie et on vote.

Est-ce que ce virage que vous avez pris sur le plan graphique correspond aussi à un changement, disons philosophique, dans l’approche de votre activité ? Est-ce que ça s’est fait un peu à contrecœur, quand on repense à la sobriété qui caractérisait les
débuts de Solana ?
Il était prévu que nous le fassions. La raison principale, c’est qu’il est difficile de communiquer sur les univers que l’on aime uniquement à travers une identité visuelle sobre. Avoir un marketing indifférencié, ça permet de s’adresser à toutes les cibles avec le même message. Mais il y a quelque de chose de très important qui a changé en boutique : le client ne peut plus goûter les liquides. Avant, on faisait beaucoup de nos ventes auprès du consommateur parce que, tout simplement, la personne goûtait le produit et disait « C’est bon, ça ». Maintenant, on voit des clients qui arrivent en boutique, qui disent « Je voudrais un fraise-banane », et puis ils voient du coin de l’œil une fiole assez jolie qui leur plaît et ils finissent par la prendre, même si c’est du fruit du dragon. Ils ne l’ont pas goûté, c’est l’attrait visuel qui prédomine.

Le marché a changé. Le consommateur, aujourd’hui, ne peut plus faire appel qu’à un seul sens, la vue, alors qu’avant, il se basait sur la vue, le goût, voire l’odeur. C’est donc, en effet, le changement de l’acte d’achat en boutique qui nous a poussés à prendre cette direction plus vite que prévu.

Quel regard portes-tu sur l’évolution du marché ces dernières années, qu’il s’agisse des aspects positifs ou négatifs ?
En ce qui concerne les aspects positifs : par rapport à beaucoup de pays où les gens se font taper sur les doigts parce qu’ils vendent des produits de vape, nous, on est toujours libres de le faire en France, même si c’est bien encadré. La plupart des réglementations sont faites pour protéger le consommateur, ce qui est une très bonne chose. On s’y plie volontiers, d’ailleurs. Parfois, même, on va plus loin que les exigences que nous imposent la directive européenne et son application dans le droit français, parce qu’on se sent une grande responsabilité vis-à-vis du consommateur. Il est essentiel de garantir la qualité d’un produit qui va aller dans ses poumons.

Côté positif, il y a aussi le fait qu’on a un très beau tissu économique en France : les fabricants, les grossistes, les boutiques, les chaînes, les indépendants… Ce qui est encourageant, quand on voit le nombre de fumeurs qu’il reste à convaincre. On voit bien que certains ont tout fait pour que ce marché n’atteigne pas sa maturité et n’arrive pas à toucher les 15 millions de personnes qui continuent de fumer, mais il reste dynamique, novateur et, surtout, d’utilité publique. Sinon, je ne me lèverais pas le matin pour aller bosser…

Et pour les aspects négatifs ?
Ça fait six ou sept ans qu’on entend « Attention, la vape est une porte d’entrée vers le tabagisme chez les jeunes »… Ce contre quoi on s’est toujours battu, en veillant à ce que nos produits ne se retrouvent pas entre les mains de mineurs. En tant que fabricant, hormis les messages inscrits sur nos produits, on se repose sur nos distributeurs, les grossistes, boutiques spécialisées et chaînes. On leur a toujours fait confiance et on a eu raison de le faire.

Et puis, parallèlement, sur le marché est arrivée la puff. Un produit qui a été promotionné sur des réseaux essentiellement fréquentés par des mineurs et qui, en plus, contient majoritairement des e-liquides fabriqués en Chine. Or, ces liquides ne respectent pas forcément toutes les exigences que nous avons, nous, en tant que fabricant français. Moi, quand je suis contrôlé, je montre avec plaisir toutes les innovations qu’on a mises en place pour garantir une sécurité optimale du consommateur. La cartouche d’une puff étant scellée, ça ne dépend pas de la DGCCRF mais des douanes. Or, il y a des centaines de milliers de containers qui arrivent chaque mois en France et on sait très bien qu’elles ne peuvent pas tout contrôler. Résultat : on a trouvé en boutique des puffs avec des taux de nicotine qui dépassent de loin la limite autorisée. C’est un peu donner le bâton pour se faire battre.

Pourquoi la puff exerce-t-elle cet attrait auprès des jeunes ? C’est simple : ils vont en soirée, ils achètent une puff, ils tirent les 200 taffes, ils la jettent, ils rentrent chez eux et il n’y a aucune trace de leur forfait. Le produit est très intéressant pour eux. J’en ai discuté avec des jeunes. Je leur ai demandé : « Vous prenez avec ou sans nicotine ? » Et là, beaucoup m’ont répondu : « Ah bon, y’a de la nicotine là-dedans ? » Donc, ils sont en train, gentiment, de se rendre accros sans même s’en rendre compte. C’est triste car c’est quelque chose qui ne va pas dans le bon sens.

Depuis que le phénomène est apparu, un certain nombre de marques se sont engouffrées dans la brèche…
Bien sûr, je l’ai constaté comme toi. C’est leur choix. Moi, je pense qu’on pouvait très bien s’en sortir sans ce produit. D’abord d’un point de vue économique… Aujourd’hui, un fabricant marge moins sur une puff que sur une fiole 50 ml ; le grossiste marge moins sur une puff que sur une fiole 50 ml auprès d’un distributeur ; le distributeur lui-même marge moins sur une puff que sur une fiole 50 ml auprès du consommateur. Et le consommateur, au final, ça lui coûte plus cher que s’il avait acheté une e-cig. Donc, tout le monde est perdant dans cette affaire !

Alors, l’argument que j’entends, et qui est vrai, c’est que la puff constitue une porte d’entrée supplémentaire pour quelqu’un qui n’a pas envie d’investir. Voyons-le comme ça. Mais je pense que si on veut vraiment faire entrer plus de monde dans la vape, et aider les gens à sortir du tabagisme, c’est d’abord du ressort des politiques, ce n’est pas la puff qui va régler le problème. Il y a des intérêts financiers derrière tout ça. Je le comprends quand j’entends certains de mes grossistes qui me disent « Je fais 30 % à 40 % de mon chiffre sur la puff ». D’un point de vue environnemental, aussi, il est important d’ouvrir les yeux. On parle tout de même d’une batterie jetable ! Quand on connaît l’effet dévastateur de celles-ci sur nos sols… On a des températures hallucinantes en Arctique et en Antarctique, on a des sécheresses de dingue, ça ne va pas dans le bon sens. Donc, il faut savoir prendre ses responsabilités. Notre entreprise, elle, a choisi de ne pas faire de puffs, au regard de la situation écologique mondiale. C’est une goutte d’eau dans l’océan de résolutions qu’il faudrait prendre mais, au moins, on n’a pas ça sur la conscience.

Peux-tu revenir un peu plus en détail sur les nouvelles gammes Solana ?
Oui, on aura la gamme Walking Red, avec une belle influence Walking Dead. Dans un premier temps, on voulait l’appeler Red, parce qu’elle est composée de quatre saveurs basées sur les fruits rouges. Mais le nom ne nous semblait pas assez parlant. On a bien travaillé sur ces jus, les saveurs sont très réussies. On va les proposer en fiole 75 ml (format apparu avec la gamme Sagas, NDLR), de façon à pouvoir ajouter deux boosters de nicotine. Ça permet de les proposer à un éventail de vapoteurs plus large. Quant à la gamme Wax, elle est basée sur des recettes qui nous parlent mais avec, à chaque fois, un ingrédient du continent africain. Les visuels sont assez sympas [Rodolphe me montre une belle étiquette aux couleurs chaudes et dont les motifs rappellent les boubous], toujours en rapport avec l’ADN de Solana puisque Marie-Anne et moi avons énormément voyagé. D’ailleurs, petit aparté : dans la gamme Sagas, on a un ingrédient secret, qui va faire l’objet d’un petit teaser. Cet ingrédient est lié à une glace que nous avions goûtée lors d’un voyage en Martinique, sur la plage d’Anse Couleuvre. L’arôme n’existait pas sur le marché, nous l’avons donc fait faire. Comme quoi, on sait aussi innover.

Dernière question : comment ta relation avec Marie-Anne a-t-elle évolué, sachant que vous êtes mari et femme mais aussi collaborateurs depuis le début de l’aventure Solana ?
Dès le départ, notre relation a été bâtie sur l’union de nos forces. Marie-Anne est docteure en biologie moléculaire, elle a un cursus universitaire très impressionnant, et une méthodologie qui fait partie de la structure de notre entreprise. Elle a aussi des talents de cuisinière, de pâtissière, qui aident beaucoup pour la réalisation des jus. Et puis, elle a également un bon coup d’œil graphique. Tout ça mis bout à bout, ça montre l’importance qu’elle a dans la boîte. Quant à moi, je suis plus sur le côté relationnel, les rapports avec les fournisseurs, les gros clients, et sur la vision d’ensemble. Au fil du temps, avec Marie-Anne, je dirai que ça ne va qu’en s’améliorant. On se connaît très bien et ça nous permet d’être encore plus efficaces. On sait quand c’est le travail, quand ce n’est plus le travail, et c’est une relation très agréable. Je suis ravie de travailler avec elle, j’espère qu’elle aussi ! [Rires]

Mecavap : La Rochelle en « mod » luxe

La quasi-totalité des cigarettes électroniques vendues dans le monde ont été fabriquées en Asie. En Chine, la plupart du temps, pays qui offre les capacités de production et les perspectives de rentabilité les plus intéressantes. Il existe pourtant un marché de niche, celui du high-end, où les vapoteurs les plus exigeants sont à la recherche de luxe et d’esthétisme. Certains d’entre eux ne jurent que par les mods méca (ces tubes et box dépourvus de toute électronique) et voient leurs désirs contentés uniquement par une poignée d’artisans, tous plus inventifs les uns que les autres.

Confinement et heures perdues

Parmi ces artisans, Arnaud Vella est un nouveau venu. Tourneur-fraiseur de profession, il exerce dans le secteur du nautisme, à La Rochelle. Lors du premier confinement, l’entreprise qui l’emploie voit son activité baisser drastiquement. Vapoteur, il occupe ses heures perdues en se fabriquant son premier mod méca. Il a tout le matériel à disposition, et largement les compétences techniques. Arnaud se prend au jeu, et expose rapidement son idée à son patron : créer sa propre marque de produits de vapotage high-end. Il a besoin, pour cela, d’avoir accès aux machines, au matériel, et de se dégager du temps.

Son employeur accepte. Arnaud se lance, seul, dans cette nouvelle aventure pour laquelle il ne possède qu’une part des compétences nécessaires. Il faut dire qu’il n’a aucune formation marketing, et doit pourtant créer l’identité de la marque, la charte graphique, le logo… Si ces aspects restent un peu flous, il trouve tout de même le nom de l’entreprise qu’il crée en octobre 2020 : ce sera Mecavap.

Les rencontres qui comptent

À la même époque, Bastien Tranchant est en mission dans le secteur du marketing digital. Plus précisément, il forme un vape shop niortais sur ces questions. Il en profite pour passer à la vape, lui qui est alors fumeur. Dans la boutique, il entend parler d’Arnaud, qui recherche un profil comme le sien. Très vite, ils se rencontrent et sympathisent immédiatement. Ils ont les mêmes valeurs, la même éthique, et leurs compétences sont complémentaires.

Chacun sur son terrain, ils s’associent et Mecavap voit officiellement le jour le 18 décembre 2020. Pour se faire un nom, ils partent à la rencontre d’une entreprise de la vape voisine : Eliquid France. Ils font connaissance avec l’équipe, qui les accueille à bras ouverts et les met en contact avec les dirigeants de Religion Juice. Ces derniers craquent sur les créations de Mecavap, notamment l’Eden, qu’ils font personnaliser avec l’éclair emblématique de la marque basque. La première grosse commande est passée, et l’activité lancée.

Cette première demande est aussi l’occasion pour Mecavap de confirmer sa spécificité : la personnalisation des mods. Car c’est là que réside la force d’Arnaud et de Bastien, avec le matériel à leur disposition, ils peuvent tout faire, de A à Z.

Les lettres de noblesse

Forts de la réputation naissante de leurs produits, les deux entrepreneurs lancent des opérations de communication sur les réseaux sociaux, ouvrent leur site internet et participent à deux éditions du Vapexpo, Paris 2021 et Lille 2022. Les contacts et les opportunités se multiplient, leur gamme s’étoffe jusqu’à atteindre douze références, toutes personnalisables.
Arnaud et Bastien entrent maintenant dans la deuxième phase de leur développement : l’amélioration continue. Ils recueillent les feedbacks de leur communauté, repèrent des axes à perfectionner et les actions correctives. Le point qui suscite le plus de reproches est le switch, qui n’est pas verrouillable. Bonne nouvelle, ils travaillent depuis des mois pour proposer, très prochainement, cette sécurité à leur clientèle.

L’atelier Mecavap à plein régime

Le choix des matériaux
L’une des marques de fabrique de Mecavap est la sélection des matériaux. Dans le souci de travailler au maximum avec des acteurs locaux, leurs fournisseurs sont en grande majorité européens. L’exigence est haute en matière de qualité, puisqu’ils ne choisissent que des métaux de grade relativement élevé, et exigent les certificats qui le prouvent.
Le prix de vente final et les caractéristiques recherchées (légèreté, robustesse, esthétique…) sont les autres critères déterminants dans le choix des matériaux utilisés pour chacune de leur référence.

Le dessin
Une fois les matériaux choisis, Arnaud passe à la partie dessin technique. D’abord à la main, il troque ensuite le crayon contre l’écran d’ordinateur, où cette esquisse prend forme, en 3D.
Il y peaufine l’aspect esthétique jusqu’à obtenir un résultat qui soit susceptible de satisfaire autant la clientèle que les deux comparses.

L’usinage
Le dessin validé, et les cotes ajustées, il est temps de donner vie au mod. Selon les modèles, pas moins de 10 opérations peuvent être nécessaires : dressage de la face ; pointage et perçage ; tournage du diamètre extérieur ; tronçonnage de la pièce ; dressage et perçage-taraudage du top-cap ; usinage et montage de la chemise pour les mods qui en sont dotés ; perçage du trou de dégazage et de la gorge.

La finition
Dernier point primordial dans la conception d’un mod Mécavap : son aspect doit être irréprochable. L’étape finale consiste donc à graver le mod – soit au logo de la marque, soit en le personnalisant selon les désirs de l’acheteur – et à procéder au toilage de la surface, en la faisant briller de mille feux.
Il ne reste alors plus qu’à monter le mod, et à l’expédier à son futur propriétaire.

 

Steel,Bar,Cutting.,Steel,Bar,Cut,On,A,Band,Saw étape 1 - choix materiaux 2 étape 2 - le dessin (4) étape 2 - le dessin (2) étape 2 - le dessin (3) étape 3 - usinage - cotes 2 étape 3 - usinage - cotes étape 3 - usinage - percage degazage étape 3 - usinage - percage 3 étape 4 - finitions - gravure étape 4 - finitions - toilage étape 4 - finitions - montage (1)

 

La galerie de l’artisan

1. Eden –  2. Inoxyde – 3. Titane – 4. Brownie (1er mod format 21700) – 5. Black Brownie – 6-7. Eden v2 en 18650 et 21700 8. Rochella – 9. Sultan – 10. Sultan Titane – 11. Titane v2 – 12. Sabre.

1 2 3 4 5 6-7 8 9 10 11 12

 

FRUIITOPIA… et les autres collections du French Liquide

Article sponsorisé


Des collections d’e-liquides pour tous les goûts

Sensation

La collection Sensation, ça vous parle ? Très étoffée, cette gamme comprend 41 e-liquides dont une majorité de mono-arômes et quelques bigoûts. Les saveurs ont été travaillées pour offrir une restitution de haute volée, chaque e-liquide s’efforçant de respecter au maximum le goût annoncé. La simplicité, ça a du bon. Cette année, quatre mono-arômes ont ainsi vu le jour : Cassis, Cerise, Poire et Vanille de Tahiti. Mention spéciale, également, pour les e-liquides Noisette grillée et Miss Glagla, qui contentent de nombreux vapoteurs depuis quelques années.

Wonderful Tart

Vous rêvez de franchir les portes d’un diner pour y combler une envie gourmande ? Dans ce cas, la collection Wonderful Tart, avec ses 4 recettes de tarte à l’américaine, répondra parfaitement à vos attentes. De la Poire Amandine à la tarte tatin aux abricots, en passant par la tarte aux 2 citrons meringuée, la gourmandise vous tend les bras.

Leemo

Rafraîchissement en vue avec la collection Leemo ! Elle a donné le sourire à de nombreux vapoteurs dès le début de l’été avec quatre arômes de soda pétillants : Ananas-Pêche, Banane-Kiwi (ou DBK), Fruits Rouges et Litchi-Raisin. À travers la collection d’e-liquides Leemo, découvrez une vape vivifiante, effervescente et résolument estivale.

Polaris

Avec la collection d’e-liquides Polaris, Le French Liquide a mis l’accent sur la sensation givrée pour élaborer des recettes alliant arômes fruités et fraîcheur intense. Au menu de cette collection polaire : les très frais Polaris Medium et Polaris Intense ainsi que les fruités-frais Tropical Beach (menthe polaire, ananas, mangue, fraise), Berry Mix (menthe polaire, fruits rouges, citron), Sunset (menthe polaire, poire, pêche) et Garden Party (menthe polaire, pêche, kiwi, litchi). Une collection complète, initialement proposée en 50 ml avant d’être déclinée en 10 ml cette année.

 

Découvrez toutes les collections sur lipsvape.com

Le site officiel lipsvape.com regroupe l’intégralité des collections du laboratoire Lips France et de ses marques (Le French Liquide, Salt e-Vapor, Moonshiners, After Puff, Supervape). Outre les produits, vous trouverez également des conseils pour vous guider dans vos achats. Et ce n’est pas tout, vous pouvez profiter d’une offre exceptionnelle de bienvenue. Pour votre première commande, bénéficiez de ces 4 avantages:

● 1 e-liquide 10 ml acheté = 1 e-liquide 10 ml offert (dans la limite de 5 offerts) 
● un goodies offert est glissé dans votre colis (casquette, T-shirt, gourde…) 
● 1 commande = 1 inscription à notre jeu-concours mensuel avec de nombreux lots à gagner (Nintendo Switch, paire de Nike Air, enceinte connectée…) 
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Ça vous donne envie ? On vous attend sur lipsvape.com… À bientôt !


Site officiel

Accus, comment en tirer le meilleur parti ?

Il est souvent difficile de s’y retrouver parmi les dizaines de modèles d’accus disponibles sur le marché. Quel est le meilleur format ? Lequel est le plus adapté au méca ? À l’électro ? Comment les recharger ? Toutes les marques se valent-elles ? Afin de répondre à ces questions, et de vous permettre d’utiliser les batteries les plus performantes en toute sécurité, nous leur consacrons ce dossier.

Formats et caractéristiques

Les accus les plus courants dans la vape utilisent la technologie lithium-ion. Normalisé par la Commission électrotechnique internationale (CEI), leur format est indiqué par un nombre à 5 chiffres (XXYY0) suivant cette logique :

XX indique le diamètre en millimètres.

YY correspond à la longueur en millimètres.

0 précise qu’il s’agit d’un accumulateur de forme cylindrique.

Ex : un accu 18650 est un cylindre ayant un diamètre de 18 mm et une longueur de 65 mm.

Il convient donc de sélectionner sa ou ses batteries en fonction du berceau à accus de votre matériel.

En matière de performances, les accumulateurs sont caractérisés par trois valeurs principales.

• La tension nominale (exprimée en volts) : 3,7 V en général, sachant qu’à pleine charge l’accu montera à 4,2 V, et qu’en dessous de 2,5 V sa chimie interne sera irrémédiablement dégradée.

• La capacité (en milliampères/heure ou mAh) : c’est la contenance de l’accu qui détermine son autonomie. Plus la valeur est élevée, plus l’autonomie est importante.

• La décharge (en ampères) : dans tous les calculs, on utilisera le CDC (courant de décharge continue), valeur fiable et normalisée. Par contre, il n’existe pas de protocole standard de mesure du CDM (courant de décharge maximale), ce qui en fait une donnée peu fiable. Malheureusement, c‘est cette valeur qui est toujours indiquée sur les wraps des accus.

Il est important de savoir que plus la capacité est haute, plus la décharge est basse, et vice versa, ces deux caractéristiques étant corrélées. Il s’agit donc de choisir l’accu le plus adapté au matériel en termes de morphologie et de performances, et pas systématiquement celui qui présente les valeurs les plus élevées.

Les accus dans le méca

Un mod méca est un dispositif basique, sans aucune électronique ni régulation, délivrant directement toute la tension de l’accu vers l’atomiseur. La valeur de la résistance est donc fondamentale, c’est elle qui déterminera l’intensité du courant qui sera tiré de l’accu. On l’a vu, la tension maximale d’un accu est de 4,2 V. Cette tension va décroître au fur et à mesure de l’utilisation, mais c’est celle que l’on prendra en compte dans tous les calculs, afin de garantir une marge de sécurité. Dépasser la décharge d’un accu va non seulement réduire sa capacité, mais aussi et surtout occasionner des risques (dégazage, voire explosion).

Pour se prémunir contre tout danger, la célèbre loi d’Ohm permet de calculer la valeur en dessous de laquelle la résistance ne doit pas descendre :

R = U ÷ I (résistance en ohms = tension maximale de l’accu en volts ÷ intensité de décharge de l’accu en ampères).

Limites de résistances à appliquer aux accus les plus courants, selon Mooch

décharge résistance accu vape

En méca, on préférera des accus à haute décharge pour une meilleure réactivité et une plus grande plage de résistance autorisée. Pour vous aider, vous trouverez dans le tableau ci-dessus une sélection des accus les plus courants et la limite de résistance à leur appliquer, selon les valeurs réelles testées par Mooch à l’été 2022

L’électro, vraiment sans risque ?

On entend parfois qu’en électro, on peut choisir n’importe quel accu, quelle que soit la résistance installée. Il n’en est rien. Certes, l’électronique dispose de sécurités dont le méca est dépourvu. Mais la limite imposée par la décharge continue des accus s’applique aussi en électro. Vaper au-delà va faire chauffer la pile et réduire significativement son autonomie, sa durée de vie, sans parler des risques qui sont les mêmes. Ainsi, là aussi, quelques vérifications s’imposent.

En effet, contrairement au méca, sur électro, l’intensité tirée augmente quand la tension de l’accu baisse, seule la puissance d’usage entre en compte. Une formule permet de calculer l’intensité tirée en fonction de la puissance demandée :

(watts ÷ nb d’accus) ÷ 3,2 (tension mini) ÷ 0,9 (ajustement)

Astuce : une estimation rapide et valable consiste à multiplier la décharge continue cumulée des accus par 3.

Liste des accus les plus adaptés en fonction de la puissance maximale d’usage

accus puissance besoins vape

Si vous ne voulez pas vous lancer dans les calculs, vous trouverez dans le tableau ci-dessus une liste des accus les plus adaptés, selon leur nombre et la puissance maximale d’usage que vous souhaitez atteindre.

Port USB et accus ‘‘rewrappés’’

La tendance sur le segment de l’électro est de proposer une charge rapide par USB-C (parfois jusqu’à 3 A). Tentant, au premier abord. Mais si cette caractéristique est bien pratique, à l’égard des accus, elle s’avère peu recommandable. En effet, pour maximiser leur durée de vie, il est conseillé de les recharger à une intensité comprise entre 0,5 et 1 A. Cela implique que la charge par le port USB ne doit servir qu’en cas de dépannage, et qu’un chargeur externe est nettement préférable (voir encadré). Absents de nos tableaux, il existe des accus achetés par lots aux fabricants et ‘‘rewrappés’’ aux couleurs de la marque, sans aucune certitude concernant l’homogénéité des performances d’un lot à l’autre. Bien qu’ils ne soient pas plus dangereux, vu l’incertitude sur leurs caractéristiques réelles (souvent surévaluées sur le wrap), on aurait tendance à déconseiller leur utilisation.

En résumé, quel que soit votre matériel, les accus ne sont pas à prendre à la légère. Même si le méca impose plus de précautions et que les accidents en électro sont beaucoup plus rares, adapter vos accus en fonction de votre set-up, dans sa globalité , est indispensable.

Les inconvénients de la charge par USB

•Intensité de charge trop élevée

• Charge déséquilibrée dans les box double accu

• Surchauffe du chipset

• Risque de dégazage (surchauffe dans un espace clos)

• Usure prématurée des accus

• Fragilité du port USB

 

Vapotage : Sovape tire la sonnette d’alarme

« Vapoter est moins dangereux que fumer. » Pour nous, utilisateurs de cigarettes électroniques, cette affirmation sonne comme une évidence. Ceux qui ont totalement rompu avec le tabac le savent : le sevrage se traduit par une amélioration significative du quotidien et constitue une solution efficace pour réduire les risques liés au tabagisme. En outre, depuis des années, les défenseurs de la vape ne cessent de souligner les bénéfices de cette pratique. Mais ont-ils vraiment été entendus ? On peut en douter, à la lecture des résultats de la 4e édition du sondage annuel BVA/Sovape.

Un constat préoccupant

Les chiffres publiés par l’association sont éloquents :

8 Français sur 10 ne savent toujours pas que vapoter est moins risqué que fumer ;

• 6 Français sur 10 pensent même que vapoter n’est pas moins dangereux que fumer ;

• la part des Français qui savent que vapoter est moins risqué que fumer est en baisse continue depuis quatre ans (- 6 % dont une chute brutale de 5 % entre 2021 et 2022) ;

• 1 Français sur 4 doute et ne se prononce pas, en très forte augmentation (+ 9 % en quatre ans) ;

• 8 Français sur 10 pensent que la nicotine est cancérigène.

vapotage sondage BVA sovape

Un constat préoccupant pour Sovape. Car il y a cette réalité, tout aussi dramatique : chaque année, la cigarette est à l’origine de 75 000 décès prématurés et de 20 % des cancers. Pourtant, avec une décennie de recul, l’information ne manque pas, comme le rappelle l’association : « Des études scientifiques rigoureuses montrent que le vapotage constitue l’une des aides les plus efficaces pour en finir avec le tabagisme ».

Mais c’est bien là que réside une part du problème… Il suffit de discuter avec des fumeurs pour s’en rendre compte. Beaucoup n’ont jamais vu la couleur de ces fameuses preuves établissant que le vapotage est synonyme de réduction des risques. Pire, lorsqu’il est question de cigarettes électroniques, ils entendent ou lisent tout et n’importe quoi. La nicotine serait cancérigène, les e-liquides contiendraient des substances nocives, etc., etc. Pour expliquer cette méconnaissance du sujet, voire cette défiance, il y a ces deux raisons, qui vont si bien ensemble : l’interdiction de la publicité et les campagnes de désinformation.

Des mesures urgentes s’imposent

C’est pourquoi, à nouveau, Sovape en appelle aux pouvoirs publics. Deux axes de réflexion : non seulement « intégrer et évaluer les bénéfices autant que les risques du vapotage, solution préférée des Français pour le sevrage tabagique (Santé Publique France, 2019), une approche de réduction des risques indispensable », mais aussi « prendre d’urgence des mesures pour communiquer plus clairement et plus fortement afin de rétablir les perceptions erronées des Français ». Quelques jours après les recommandations consternantes du ministère de la Santé – selon lequel « arrêter de fumer reste la seule solution pour réduire l’impact négatif du tabac sur la santé du fumeur », espérons que le message sera reçu haut et clair.

Protect – Histoire des abeilles

Bigre : un cocktail frais à base de raisin et de prune, assorti d’une pointe de miel.

Fossile : une recette rafraîchissante qui associe fraise, fruit du dragon et miel.

Pythagore : enrichie d’une note de miel, cette limonade marie citron jaune, vert, et combava.

Neith : thé vert aux notes végétales combinant menthe verte, citron et miel.

BigreFossile Pythagore Neith

Caractéristiques

Disponible en flacon de 70 ml prérempli à 50 ml à booster

PG/VG : 40/60


Site officiel de la marque

Un ministère hors réalité ?

En novembre 2021, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP), instance d’aide à la décision auprès des pouvoirs publics, avait affirmé que les cigarettes électroniques ne pouvaient pas être proposées aux fumeurs souhaitant arrêter le tabac et bénéficier d’une aide au sevrage, « les connaissances fondées sur les preuves [étant] insuffisantes ». Son communiqué constituait une actualisation d’un avis émis en 2016 concernant les systèmes électroniques de délivrance de nicotine et leur possible utilisation comme aide au sevrage. À l’époque, le HCSP avait considéré la cigarette électronique comme un outil de réduction des risques du tabagisme, mais il ne s’était pas prononcé sur son intérêt dans un processus de sevrage.

Le ministère de la Santé et de la Prévention a adopté la même ligne de conduite. Ses recommandations concernant l’usage des produits de vapotage publiées le 26 septembre dernier stipulent que « leurs effets sur la santé à long terme sont insuffisamment connus » et que « les données actuellement disponibles ne sont pas concluantes quant à [leur] efficacité en tant qu’outil pour arrêter de fumer, par rapport aux traitements validés disponibles ». Le texte ajoute que « des recherches supplémentaires sont nécessaires pour évaluer les risques et les avantages de ces produits ».

Fumeux arguments

Pour les fumeurs adultes souhaitant stopper leur consommation de tabac et bénéficier d’une aide, le ministère préconise toujours une prise en charge par un professionnel de santé, apte à assurer un suivi et à prescrire un traitement médicamenteux si cela s’avère nécessaire. Il conseille également de recourir aux traitements de substitution nicotinique (TSN) qui « ont fait la preuve de leur efficacité et de leur innocuité chez tous les publics à partir de 15 ans, y compris chez les femmes enceintes ».

La démission du professeur François Alla du HCSP au lendemain de la remise de son rapport sur la cigarette électronique et les explications qu’il avait données avaient déjà incité les pro-vape et les observateurs à s’interroger sur la valeur de cette étude. Aujourd’hui, les recommandations du ministère provoquent la même incompréhension que le communiqué du HCSP. Fédération Addiction, premier réseau d’addictologie de France, rejette en bloc les arguments avancés, à savoir :

– l’insuffisance de preuves scientifiques concernant l’efficacité de la cigarette électronique dans la lutte contre le tabac

– les risques présentés par l’éventuelle présence de nicotine, une substance addictive

– la hausse significative du nombre de vapoteurs chez les moins de 18 ans, séduits par les arômes et qui pourraient être attirés par une consommation ultérieure de tabac (l’effet passerelle). Pour le ministère de la Santé, empêcher l’enchaînement vapoter-fumer relève du principe de précaution.

La réalité du terrain

Dès janvier 2022, Fédération Addiction soutenait que les affirmations du HCSP étaient contredites par la réalité du terrain. Plus grave : elles risquaient de dissuader les professionnels de santé de proposer la vape comme aide au sevrage tabagique. « En s’appuyant uniquement sur des méta-analyses scientifiques, le HCSP ignore les contributions des personnes concernées et des professionnels. En effet, le vapotage est d’ores et déjà le choix de nombreux fumeurs qui souhaitent réduire et arrêter le tabac. L’urgence est de les accompagner, plutôt que d’imposer ce qu’on pense [être] le mieux pour eux. […] La prise en charge des fumeurs est plus efficace quand elle [prend] en compte [les] attentes des patients, qui sont diversifiées et évolutives – réduire, vapoter, substituer, arrêter, etc. »

Le principe d’inertie

De même, cette fédération qui regroupe 190 associations, 850 établissements et services de santé, de prévention, de soins, de réduction des risques et 500 médecins et pharmaciens de ville s’élève contre l’idée selon laquelle la cigarette électronique mène au tabac. Parce que le profil d’un jeune fumeur est difficile à établir (il est impossible d’expliquer de façon sûre ce qui l’a incité à fumer du tabac ; il y serait peut-être venu même sans passer par la vape). Et parce que la cigarette électronique fait concurrence au tabac, ce qui peut contribuer à son attrait auprès d’un public jeune.

« Ces études omettent que la vape est un concurrent du tabac et que cet effet de concurrence semble l’emporter sur l’effet ‘‘porte d’entrée’’, comme le montrerait le fait qu’aux États-Unis, le taux de fumeurs adolescents se soit effondré avec l’arrivée de la vape, écrivait Fédération Addiction début 2022 sur son site. Le principe de précaution ne doit pas être un principe d’inertie amenant à oublier et à taire que vapoter reste moins dangereux que fumer. Renvoyer dos à dos [fumeurs] et [vapoteurs] revient à ne tenir compte ni de l’effet de concurrence, ni de la dangerosité moindre de la vape. »

Science sans conscience…

L’institution située dans le XIe arrondissement de Paris souligne par ailleurs que la position du HCSP et du ministère de la Santé crée une certaine confusion : elles déconseillent la cigarette électronique aux professionnels de santé pour aider les fumeurs qui veulent décrocher mais considèrent qu’elle peut constituer une aide hors du système de santé ou en complément d’une prise en charge à l’intérieur de celui-ci. Le HCSP et le ministère ajoutent que les produits de vapotage peuvent être proposés par les professionnels de santé aux publics vulnérables si un premier traitement, de type TNS, a échoué…

Pour Fédération Addiction, le retard pris sur le terrain scientifique s’explique aisément. « Le niveau de preuves d’efficacité des cigarettes électroniques est, en l’état, plus faible que celui d’approches médicamenteuses et/ou substitutives ayant fait l’objet d’études spécifiques pour être autorisées. (…) En addictologie, c’est du terrain que viennent bien souvent les innovations les plus pertinentes, bien avant que les autorités académiques ne les reconnaissent et que les études randomisées ne les ‘‘prouvent’’. »

Une autre version du combat entre l’homme de science et l’homme de foi…