Arrivé en Chine il y a 7 ans, Florian Gautier a fait sa carrière dans la vape, au sein de différentes marques de cigarettes électroniques : « Le produit m’intéressait car il m’a permis d’arrêter de fumer, ce qui donnait du sens à m’orienter dans ce domaine. »
Pourquoi tu as choisi la Chine ?
C’est un pays dynamique avec ses opportunités et en commençant ma carrière à l’international j’ai décidé d’y rester.
Quelles vont être les différences notables avec la France ? En termes de business et d’opportunités.
C’est une culture qui valorise l’effort. Les gens travaillent dur et longtemps, ce qui influence fortement la culture d’entreprise. Beaucoup de gens deviennent entrepreneur et l’entreprenariat est privilégié. On valorise le réseau et de nombreux accords et contrats se finalisent en soirée, grâce à ces cercles relationnels souvent fermés. C’est beaucoup moins formel que la culture européenne commerciale. Les Chinois sont plus prudents dans leur approche du commerce et leur façon de communiquer. J’aime dire qu’ils sont plus protecteurs.
D’un point de vue global, pas seulement pour la vape, quelle est la vision de la Chine concernant le business en France ?
Ils ont plutôt une bonne opinion/impression de la France, de leur culture, de leur histoire. C’est un de leurs principaux marchés donc ils ont tout intérêt à garder de bonnes relations. Et pour VOOPOO, c’est le deuxième marché le plus important, par conséquent nous devons aussi faire le maximum pour préserver de bonnes relations et connexions.
VOOPOO était une marque incontournable il y a quelques années. Pourquoi a-t-on l’impression de moins entendre parler de vous récemment ?
Fondée en 2017, cette marque a rapidement acquis une grande notoriété sur le marché français avec des gammes comme DRAG ou VINCI. C’est vrai qu’il y a eu quelques obstacles dans l’industrie au niveau global avec le COVID et précisément sur ce marché avec l’arrivée des cigarettes électroniques jetables (PUFF). Nous ne proposons que des systèmes ouverts remplissable, cela a donc impacté le marché. Mais depuis deux ans on peut observer un regain de popularité avec des produits de la série DRAG qui percent bien en France.
Quelles sont vos priorités stratégiques pour 2025 ? Comptez-vous renforcer votre présence sur certains marchés ou dans des segments spécifiques ?
VOOPOO s’est toujours axé sur des produits diversifiés. On cible différents types d’utilisateurs qu’ils soient primo vapoteurs avec les PODS ARGUS ou d’autres plus confirmés avec des appareils de types box mods telle que la Drag 5 ou des pod mods polyvalents comme la Drag X2 qui ont des fonctionnalités hautes puissance. Nous gardons une cible large. Mais forcement, on s’adapte à chaque pays/marché car ils ont tous leurs particularités. Des produits seront donc plus ou moins populaires selon les localités.
Votre force ?
Depuis deux ans, nous avons développé des équipes locales avec des commerciaux et des ambassadeurs spécialement embauchés pour le marché français et répondre aux besoins des vapes shops et des utilisateurs où qu’ils soient sur le territoire.
Mais je pense que le marché et son offre tendent à se simplifier. C’est longtemps resté un marché de niche avec des produits très élaborés destinés aux initiés. On observe un glissement vers des produits beaucoup plus ergonomiques, pratiques. On va donc s’orienter à notre tour vers des systèmes plus simples comme les PODS tout en gardant nos gammes pour utilisateurs confirmés.
Après avoir demandé à quelques vapes shops, certains retours pointaient une difficulté à vous joindre. On vous a reproché d’être trop « éloigné » de vos clients (SAV) ?
Être au plus proche des points de vente reste un défi pour nous en tant que constructeur basé en chine, et nous apportons de plus en plus de solutions pour réduire cette distance. En termes de SAV et de contrôle qualité, nous nous appuyons sur nos partenaires distributeurs mais nous nous efforçons de développer des outils nous permettant de répondre directement aux besoins des vapes shops. Nous avons par exemple lancé l’année dernière la Communauté Voopoo France, un programme en ligne permettant d’échanger directement avec nos équipes pour leur apporter un soutien, que ce soit en termes de produit ou de support à la communication.
Comment vous positionnez-vous face à la concurrence accrue des grandes marques comme SMOK, GEEKVAPE ou ASPIRE ?
L’innovation est dans l’ADN de VOOPOO. Nous avons initié l’allumage instantané des cigarettes électroniques. Avant, cela prenait plus de temps. Nous avons aussi mise en place des technologies d’atomisation avec la plateforme PnP X qui intègre 4 technologies avancées dans une petite résistance. Nous évitons de sortir une nouvelle gamme de résistances à chaque sortie d’un nouveau produit car c’est un problème pour les détaillants qui ne souhaitent pas avoir une offre de résistances trop nombreuses et méconnues. VOOPOO préfère se concentrer sur une plateforme performante et polyvalente permettant une compatibilité avec de nombreux kits, et c’est le cas de la série PnP X.
Travaillez-vous sur de nouvelles innovations en R&D ?
Oui mais c’est compliqué d’en parler. On va innover sur l’esthétique (voir VINCI PARK 100 ?) avec un système LED directement intégré au revêtement. Le design reste un facteur de décision d’achat important pour les utilisateurs, et contribue à ce qu’ils s’attachent à leur kit. Nous travaillons aussi sur d’autres fonctionnalités qui devraient faire parler d’elles dans les prochains mois. Des technologies liées à l’expérience utilisateur et au chipset*.
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Nous avons par exemple développé les circuits imprimés GENE.Chip et GENE.TT 2.0, la première avancée dans la gestion séparée de deux batteries, permettant une utilisation plus équilibrée et maximisant l’énergie de chaque accu. Cela permet aux utilisateurs de profiter du vapotage plus longtemps.
* Un chipset ou jeu de puces, est un jeu de composants électroniques inclus dans un circuit intégré préprogrammé, permettant de gérer les flux de données numériques entre le ou les processeur(s), la mémoire et les périphériques.
Il faut préciser que VOOPOO appartient au groupe ICCPP, spécialisé en R&D autour des circuits imprimés. C’est une force de notre enseigne d’avoir la sécurité, la solidité et la polyvalence dans sa technologie. Grâce à cela, nous avons des fonctions qui changent la donne sur nos produits.
On voit des PODS arrivés avec des jeux, des messageries, des interfaces ressemblant aux smartphones. Vous êtes dans cette optique-là ?
Non. Car on reste prudents et conservateurs sur les réglementations. On ne veut pas donner une image trop excitante/jeune de la vape. On va juste proposer une fonction qui va développer de nouveaux écrans de veille en fonction de notre fréquence de vape. Cela reste cosmétique. Mais on tient à proposer des interfaces à bonne résolution, visuellement attractives.
Vous travaillez aussi sur une communication plus locale ?
On développe un outil pour communiquer directement avec les gérants des magasins et leur staff. Des équipes vont venir dans les points de ventes pour parler avec les vapes shops. On va aussi organiser des événements directement avec les magasins (apéros, soirées). Le programme de fidélité Communauté Voopoo France nous permet d’échanger directement avec les détaillants, de distribuer des échantillons, présenter des nouveautés, etc…
Comment VOOPOO s’adapte-t-il aux nouvelles régulations internationales sur la vape, notamment en Europe ?
On a une grosse équipe dédiée à l’international sur ces questions de réglementation. On fait beaucoup de veille car chaque pays a ses spécificités. Elle s’occupe de la conformité des produits, packaging et autres contraintes liées à la communication pour s’adapter aux lois. On s’applique aussi à transformer nos chaînes de production pour répondre aux normes avec une politique de compliance*. Toutes nos usines sont modernes et pour une grande partie automatisées.
* Le terme de compliance, ou de « conformité », fait référence à l’ensemble des processus mis en œuvre au sein d’une structure pour assurer le respect des règles, des normes ou de l’éthique qui s’imposent à celle-ci et prévenir l’ensemble des risques auxquels elle s’expose en cas de non-respect.
Avez-vous prévu de lancer de nouvelles gammes ou de revisiter vos produits phares comme les Drag ou Vinci ?
Pour ce qui est de VINCI on a sorti deux produits récemment le SPARK 100 et le VINCI E120 (voir photos). Ce sont des produits assez uniques en termes d’esthétique tout en gardant une simplicité d’utilisation. Sur la série DRAG, on en parlait plus haut, il y a la gamme PnP X et ses résistances durables qui s’adaptent aux produits VOOPOO. La (rétro)compatibilité entre les produits est primordiale.
Selon vous, quels sont les principaux défis auxquels la vape devra faire face dans les prochaines années ?
Le marché tend à devenir plus strict en matière de régulations. C’est donc un bon challenge à relever pour nous. C’est aussi une responsabilité pour les marques de donner une meilleure image de la vape. Faire beaucoup de vapeur n’est plus un argument mais par contre celui de faire arrêter les gens de fumer est devenu le plus important. Par exemple, on travaille avec LA VAPE DU CŒUR dans ce sens.
Je veux bien l’entendre, mais dans les faits, le marché chinois ne reste-t-il pas malgré tout encore trop cynique sur ce point ?
Comme toute entreprise, l’aspect financier prédomine. Mais si on veut améliorer notre image de marque et donc augmenter les ventes, la responsabilité doit être au cœur de la vape et je pense que les chinois l’ont compris. Ils ont mis du temps mais ils ont conscience que le marché français est en attente d’une consommation plus éthique.