Les arômes interdits à Chicago, mais autorisés en Floride

Après la Californie fin août, c’était au tour de la Floride et de la ville de Chicago de statuer sur l’interdiction des e-liquides aromatisés sur leur territoire. Deux décisions radicalement différentes : le veto du gouverneur de Floride, à la lumière d’enquêtes indépendantes, et l’approbation du conseil de Chicago, sous la pression des lobbies.

Les arômes interdits à Chicago, mais autorisés en Floride

Le 8 septembre, le gouverneur de Floride Ron DeSantis (photo) a opposé son veto à un projet de loi visant à interdire tous les e-liquides aromatisés dans son État, à l’exception des goûts tabac et menthol. C’est une vraie victoire pour les associations de défense de la vape, notamment la Florida Smoke-Free Association (FSFA) et la Vapor Technology Association (VTA), qui ont mobilisé leurs forces depuis plusieurs mois contre ce projet de loi. 

En réalité, il s’agissait à l’origine d’aligner la Floride sur la législation fédérale ayant porté à 21 ans l’âge minimal à partir duquel on peut acheter des produits de vapotage (ou de tabac). Une simple formalité législative, puisque Donald Trump l’avait déjà signée le 20 décembre 2019, avec un effet immédiat sur l’ensemble des États-Unis. Mais, sous la pression de plusieurs géants du tabac, et notamment de Juul (Altria), l’Assemblée de Floride avait ajouté au texte ce volet sur l’interdiction des e-liquides aromatisés. Une manière, pour toutes ces marques et entreprises, d’éliminer la concurrence, en particulier celle des fabricants indépendants. 

Une décision à la faveur d’une vraie enquête indépendante

C’est suffisamment rare pour être salué, le gouverneur Ron DeSantis a mené ses propres recherches, en toute indépendance. Son bureau a ainsi contacté des experts de tout bord, provape et antivape, pour pouvoir trancher en toute connaissance de cause. « Une telle législation conduirait presque assurément plus de personnes à recommencer à fumer, et elle en conduirait d’autres vers le dangereux marché noir, a-t-il déclaré. Cette dernière conséquence est particulièrement importante parce que les cas très médiatisés de lésions pulmonaires associées au vapotage ces dernières années ont été attribués à des cartouches illégales ou issues du marché noir, contenant du THC, et non des types de produits légaux qu’un tel projet de loi aurait interdits ».

C’est une décision inattendue de la part de ce gouverneur républicain jugé conservateur. Une décision qui, de surcroît, va à l’encontre de la position exprimée par ses plus proches soutiens et certaines figures de proue de son propre parti. « Réduire la consommation de produits nicotinés, notamment la vape, auprès de notre jeunesse, est un objectif essentiel, mais on n’y arrivera pas en interdisant les produits légaux pour adultes ou en détruisant des petites entreprises qui proposent à ces adultes des alternatives à risques réduits à la cigarette, » conclut-il dans son communiqué.

L’interdiction des e-liquides aromatisés votée à Chicago

À Chicago, en revanche, la décision est radicalement différente. Le conseil municipal a en effet voté à 46 voix contre 4, « l’interdiction des produits à base de nicotine liquide aromatisée ». Une décision très largement motivée par la pression du lobby du tabac, à en croire Gregory Conley, le président de l’American Vaping Association. Selon lui, le parrain du projet de loi Matthew O’Shea « a conclu un accord avec l’industrie du tabac – ne touchez pas à nos cigarettes mentholées et nous vous soutiendrons dans l’interdiction d’un infime pourcentage de nos revenus, les produits de vape aromatisés ». Le projet de loi prévoyait en effet d’interdire également les cigarettes mentholées et tout produit de tabac aromatisé. Propositions qui ont été retirées du texte, pour ne se concentrer que sur la vape

« La FDA exige de la part des fabricants des demandes d’autorisation, avec les preuves que leurs produits “conviennent à la protection de la santé publique”, poursuit Gregory Conley. Et donc, même si la FDA confirme qu’un produit de vapotage aromatisé protège la santé publique, il sera interdit à Chicago. Pourquoi ? » Pour justifier une telle décision, le conseil municipal de Chicago s’est appuyé la théorie de l’effet passerelle. Or de nombreux experts scientifiques se sont exprimés sur ce point : il n’existe aucune preuve permettant d’affirmer que le vapotage conduit les jeunes au tabagisme quotidien. Au contraire, certaines études suggèrent même que l’usage de la cigarette électronique constituerait un bouclier contre la tentation du tabac fumée. Par ailleurs, il a été démontré récemment que l’interdiction des e-liquides aromatisés se traduisait dans les faits par une hausse générale du tabagisme.