Les aromaticiens de PULP qui ont conquis Vap’Chef 2025

Deux personnalités, deux parcours, une passion commune pour les arômes. Clémence Riou et Alvaro Pérez, aromaticiens chez PULP, viennent de remporter le concours Vap’Chef. Un mélange d’anecdotes, de défis techniques et une fierté partagée, ils reviennent avec nous sur cette aventure gourmande et créative.

Les aromaticiens de PULP qui ont conquis Vap’Chef 2025

Vainqueurs du concours Vap’Chef 2025, Clémence Riou et Alvaro Pérez, aromaticiens chez PULP, ont conquis le jury avec un e-liquide inspiré d’un cocktail . Grâce à leur expertise en formulation d’arômes pour la vape, ils ont su créer une recette originale et équilibrée, prête à être commercialisée. Retour sur leur parcours, leur méthode de travail et les coulisses de cette création.

Clémence travaille dans la vape depuis bientôt 4 ans. Après un master en arômes, parfums et cosmétiques au Havre, c’est lors d’un stage chez LEVEST (Fabricant & Distributeur de liquides premium pour cigarettes électroniques) qu’elle découvre pour la première fois l’univers de la cigarette électronique… et qu’elle vapote pour la première fois. « Je ne vapote pas à la base », confie-t-elle en riant. Cette première incursion dans la vape a pourtant éveillé sa curiosité. Après une autre expérience plus analytique chez Nestlé, c’est finalement ce stage dans la vape, rare sur un CV, qui attire l’œil des recruteurs. « C’est un secteur de niche pour quelqu’un issu du monde des arômes. »

Pourquoi ce master ? « J’étais partagée entre les parfums fonctionnels et les arômes alimentaires. Ce master m’a permis de découvrir les deux univers. » Finalement, les arômes prennent le dessus, presque par hasard : « J’avais accepté un autre stage, mais j’ai changé au dernier moment pour intégrer un projet sur la vape. »

Alvaro, lui, est colombien, ingénieur agroalimentaire de formation, et a démarré sa carrière en 2012 dans les arômes alimentaires. Il a travaillé pour des fournisseurs internationaux comme MANE, le géant français de l’aromatique. Mais pour devenir véritable aromaticien, c’est en France que ça se passe. « Ce métier, on ne peut vraiment le valider qu’ici. » Il rejoint donc l’Université de Montpellier pour un master en chimie des arômes et parfums, et passe ensuite cinq années en France dans le monde des arômes.

« Le marché est rude ici, il y a plus d’échecs que de victoires, cela demande de l’endurance et de la résilience », dit-il avec humilité. Mais sa passion ne faiblit pas : « Cette aventure m’a permis de regagner confiance en moi après une période difficile. »

 

 

Le Vap’Chef : plus qu’un concours, un défi personnel

C’est presque par hasard qu’ils s’inscrivent à Vap’Chef. « Marie, à l’administration des ventes chez PULP, nous a rappelé que les inscriptions allaient se terminer. » Alvaro est très partant, Clémence plus mesurée. « Mais l’idée de déguster une création de Norbert m’a convaincue ! » avoue-t-elle en pensant surtout aux pâtisseries du Chef. L’aventure commence, avec peu de pression et beaucoup de plaisir : « On n’avait rien à perdre, tout à gagner. Surtout un boost de confiance ».

Un petit entraînement s’organise en amont : ils testent la dégustation à l’aveugle de pâtisseries grâce à leurs collègues. « C’était un super exercice. On a tout de suite vu nos faiblesses et on a pu ajuster. » L’idée était de s’organiser et apprendre à gérer le temps.

La surprise du cocktail

Un point a particulièrement marqué les participants de Vap’Chef : la création à reproduire n’était pas un dessert, mais un cocktail. Une base bien moins conventionnelle pour un e-liquide, qui a pu en déstabiliser plus d’un. « C’est vrai qu’associer un goût alcoolisé à la vape peut paraître risqué. Ce n’est pas ce qu’on attend spontanément dans une création censée plaire au plus grand nombre », reconnaissent Clémence et Alvaro.

Certains candidats ont d’ailleurs exprimé des doutes sur le potentiel commercial d’une telle base. « Ce n’était pas forcément un jus “vendeur” au premier abord. Mais nous, on a voulu relever le défi : retranscrire l’esprit du cocktail tout en le rendant agréable à vaper. Et on sait déjà qu’une reformulation sera nécessaire pour le rendre plus accessible. On réfléchit à adoucir certains marqueurs, sans perdre l’âme du produit. »

 

 

Travailler l’alcool en arôme : un exercice d’équilibriste

Ce qui a sans doute fait la différence, c’est l’expérience du duo sur ce type de profils aromatiques complexes. « Les arômes alcooliques sont très puissants. Le moindre excès déséquilibre l’ensemble. Mais on avait déjà manipulé ce type de notes, donc on savait à quoi s’attendre. »

Pendant la compétition, leur stratégie a été de rester lucides et réactifs. « À un moment, on a réalisé que l’une des notes prenait systématiquement le dessus, malgré nos ajustements. On s’est regardés, on a dit “ok, on coupe tout en deux”. Dernier essai. Ce n’était pas une décision facile à prendre, mais il fallait réagir. » Ce recul, ce sens du dosage, ont visiblement payé.

Le défi des arômes sans effet

Reste une question intéressante : faut-il proposer un liquide au goût d’alcool sans l’effet associé ? « C’est une vraie question sensorielle. Parce que quand on pense “alcool”, on attend aussi une certaine sensation — de chaleur, de picotement, une impression un peu “chaude” en gorge. »

PULP travaille déjà sur une solution technique pour recréer cet effet de façon subtile, sans dénaturer l’équilibre général. « On a une idée derrière la tête. Ce serait une petite surprise, un effet légèrement chauffant qui rappellerait l’alcool… sans l’être. Mais pour l’instant, on garde ça sous le coude. »

Une compétition dans la bonne humeur

Pas de rivalité, que du fun : « On n’était pas en compétition avec les autres. On voulait juste sortir un bon liquide. » Concentrés, investis, presque trop discrets : « Je pense que visuellement, ça ne devait pas être très vendeur », plaisante Clémence. « On chuchotait sur nos dosages, en mode “je mettrais plus de fraise là”… »

Et cette victoire, comment l’ont-ils vécue ? Avec surprise ! Clémence était prête à partir au restaurant, pensant que c’était fini. De son côté, Alvaro avait quitté la scène pour une petite pause stratégique…

« J’ai entendu “PULP !”, et là, moment de panique », raconte Clémence. Alvaro, de retour, reconnaît sa collègue sur écran géant et fonce vers la scène, porté par l’émotion comme dans un film où le héros poursuivi esquive la foule pour arriver à son but. « C’était épique. »

 


 

Vers la commercialisation : une recette à affiner

L’une des récompenses majeures du concours Vap’Chef, au-delà de la reconnaissance professionnelle, c’est la commercialisation du liquide gagnant dans les mois qui suivent. Une perspective enthousiasmante, mais qui demande encore du travail.

« On est en discussion avec le fournisseur pour obtenir les arômes qu’on avait utilisés pendant l’émission, confient Clémence et Alvaro. C’est en cours, effectivement. Mais il y a de fortes chances qu’on améliore la recette. » La version présentée au jury avait été goûtée « sans stypage (macération), sans additif » : une base brute, prometteuse, mais encore perfectible.

L’objectif : retravailler l’équilibre, notamment autour de la note alcoolisée, jugée un peu trop dominante. « C’est un travail d’ajustement qui va prendre du temps. Ce sont des notes complexes à manipuler. Il faut trouver le bon dosage pour que la vape reste agréable sur la durée, sans que l’arôme principal ne prenne toute la place. » L’équipe insiste sur l’importance de la tenue dans le temps : « Parfois, les premières bouffées sont top, et au bout de quelques heures, on se rend compte qu’on ne perçoit plus que la noisette, ou une seule facette de la recette. On veut éviter ce genre de déséquilibre. »

 

 

Une autre question se pose : celle de l’accessibilité. Car si la recette originale a su séduire un jury de passionnés, sa reproduction à l’identique pourrait ne pas convenir à un public plus large. « On va devoir retravailler pour rendre le liquide plus universel, plus accessible. Prioriser certaines notes, en adoucir d’autres, sans trahir l’esprit de départ. »

Et peut-être que Norbert, le chef invité du concours, pourrait remettre la main à la pâte ? « Ce serait l’occasion d’échanger à nouveau avec lui. Peut-être qu’il aura envie d’ajouter une note fruitée ou plus exotique… On verra. »

En tout cas, les fournisseurs se sont rapidement manifestés, intéressés par le potentiel du projet. « Les discussions sont en cours, la balle est dans notre camp. »