Cette jeune entrepreneure bretonne est devenue en quelques années une figure de la cosmétique et du cannabis « bien-être ». Laure Bouguen crée Ho Karan en 2014, comme projet de fin d’études de sa formation à l’école de commerce Audencia, à Nantes. Petite-fille de chanvriers bretons, la jeune femme part d’un constat simple : « Les barbiers utilisent le chanvre depuis très longtemps pour calmer le feu du rasage, mais ils n’ont jamais mis cet ingrédient en valeur, car il était considéré trop sulfureux… » La spécificité de son entreprise réside au contraire dans la valorisation des différents composés du chanvre : l’huile incroyablement efficace pour ses propriétés hydratantes, le CBD et autres cannabinoïdes antioxydants et régénérants ou encore les terpènes, antibactériens et purifiants.
Une rencontre marquante
Sa première gamme de cosmétiques, lancée en 2016, est exclusivement destinée aux hommes. « J’avais déjà travaillé dans la cosmétique féminine et j’ai détesté cela. C’est un milieu hyperculpabilisant pour les clientes ! On les incite à cacher les signes de l’âge, à masquer tout ce qu’on considère comme des défauts… Ça ne me correspond pas du tout », déplore la jeune femme. Alors qu’elle commence à faire parler d’elle dans le milieu naissant du CBD français, Laure Bouguen fait la connaissance, en 2017, d’Antonin Cohen, l’un des cofondateurs de Kanavape, une de ses rencontres professionnelles les plus marquantes. « Il m’a notamment dit cette phrase qui m’a beaucoup inspirée : ‘‘ Si tu n’aimes pas ce qui se fait, fais autrement ’’. »
« Je me concentre sur mes produits pour qu’ils soient les meilleurs possible pour mes clients »
Ho Karan prend son envol
C’est grâce à ce conseil que Ho Karan devient une marque mixte, dès la sortie de la deuxième gamme de produits de la startup. Encore plus claire qu’auparavant sur la présence de cannabidiol, elle affiche dès lors la mention « Cannabis Sativa Care » en refusant tout esprit de culpabilisation des clients. Lancée grâce à un financement participatif de 30 000 euros, la nouvelle gamme permet à l’entreprise de décoller. Elle fait ainsi son entrée chez Nature & Découvertes, en mars 2018, et intègre le programme d’accélération de Sephora, avant d’obtenir une place sur le site de l’enseigne de cosmétiques. Aujourd’hui, après sept ans d’activité, Ho Karan est « presque rentable » selon sa fondatrice, à qui le directeur de Sephora Monde avait indiqué qu’une start-up de cosmétiques ne peut être rentable qu’au bout de dix ans minimum. Il faut dire qu’elle a opté pour une croissance orga – nique raisonnée. « Je ne veux pas faire des levées de fonds à tout va pour financer des campagnes de pub et faire de Ho Karan LA plus grosse boîte de cosmétiques au CBD. Je me concentre sur mes produits pour qu’ils soient les meilleurs possible pour mes clients. »
Entrepreneures du cannabis
Parallèlement, Laure Bouguen s’est imposée dans le milieu du cannabidiol en contribuant à la fondation du Syndi – cat professionnel du chanvre, aux côtés d’Anthonin Cohen et d’Aurélien Delecroix. Elle en a d’ailleurs été porte-parole pendant plusieurs années. Elle a également participé à la construction de la branche française du réseau de femmes entrepreneures du cannabis « Entourage Network », lancé officiellement à l’occasion du salon CBD Expo.