Guide – Le CBD sans prise de tête

Guide – Le CBD sans prise de tête

La relation que les pouvoirs publics entretiennent en France avec le cannabis et ses produits dérivés a toujours été pour le moins houleuse. Depuis longtemps, en effet, l’Hexagone pratique l’une des politiques les plus restrictives en matière de cannabinoïdes. En ce qui concerne le cannabidiol (ou CBD), la production et le commerce sont strictement encadrés par un arrêté datant du 22 août 1990 qui interdit l’utilisation de la fleur. Pourtant, ces dernières années, nombre de commerces se sont mis à vendre cette partie du plant de chanvre, ce qui a donné lieu à des contrôles de police, voire des interpellations. Mais les lignes bougent, surtout depuis le dénouement de l’affaire Kanavape, en novembre dernier, devant la Cour de justice de l’Union européenne. Le verdict de la CJUE laissait entrevoir un certain assouplissement de la réglementation française sur la question de la fleur. Or celle-ci, au moment même où nous écrivons ces lignes, fait l’objet de modifications qui ne seront pas forcément favorables aux revendeurs, et il y a fort à parier que nous serons de nouveau amenés à évoquer le sujet dans les prochains mois. Toute cette agitation est cependant une bonne occasion de refaire le point sur le CBD et les connaissances acquises autour de cette molécule controversée.

 

Qu’est-ce que le CBD ?

Le cannabidiol (ou CBD) fait partie de la famille des cannabinoïdes, que l’on retrouve notamment dans les plants de chanvre. Cette molécule découverte en 1963 a depuis lors fait l’objet de nombreuses études et recherches. Si le CBD a un effet sur l’être humain, c’est tout simplement parce que notre organisme dispose naturellement de récepteurs : le système endocannabinoïde. Notre corps est d’ailleurs en mesure de produire lui-même ces cannabinoïdes ; on parle alors de cannabinoïdes « endogènes » comme l’anandamide. En agissant sur ces récepteurs situés dans notre système nerveux et dans des cellules du système immunitaire, le CBD permet d’influer sur l’équilibre du corps humain. Pour ce faire, il stimule la production de sérotonine « l’hormone du bien-être », d’anandamine et d’adénosine. D’autres effets peuvent également être observés sur les systèmes nerveux et digestifs. Si le CBD suscite autant de débats passionnés, c’est parce qu’il provient principalement des plants de chanvre (Cannabis sativa subsp. Sativa) où il partage souvent la vedette avec son cousin psychoactif, le THC, qui est lui strictement illégal et principalement recherché à des fins récréatives. Cependant, il existe de nombreuses variétés de chanvre utilisées dans des applications industrielles contenant très peu de THC, mais à des taux intéressants de CBD. Il est important de garder à l’esprit que, contrairement au THC, le CBD n’a pas d’effet psychotrope (modifiant les états de conscience). Le cannabidiol apporte donc au consommateur une sensation de détente et de bien-être sans faire planer et sans risque de crise d’angoisse, de paranoïa ou d’addiction.

Quels sont les effets du CBD ?

Les effets du cannabidiol sont reconnus depuis longtemps dans de nombreuses médecines, bien qu’ils ne soient pas tous parfaitement compris. Les principales propriétés avérées ont été observées sur les récepteurs de la sérotonine, de l’anandamide et de l’adénosine. En se fixant sur les récepteurs de la sérotonine, le cannabidiol provoque un sentiment de bien-être et d’apaisement. À forte concentration le CBD active les récepteurs 5-HT1A, impliqués dans les mécanismes de perception de la douleur, de l’appétit, de l’anxiété et du sommeil. Sur les récepteurs de l’anandamide, le CBD freine l’enzyme qui en régule la concentration, favorisant ainsi la présence de ce neurotransmetteur qui procure une sensation d’euphorie. Enfin, le CBD agit comme un anxiolytique en activant les récepteurs de l’adénosine, impliquée dans la régulation des fonctions cardio-vasculaires ainsi que des concentrations de dopamine et de glutamate au niveau du cerveau. En France, le cannabidiol est pour le moment utilisé, sous ordonnance, pour ses effets impressionnants sur l’épilepsie réfractaire (autrement appelée épilepsie pharmaco-résistante) et sur la sclérose en plaques. Plusieurs missions scientifiques étudient actuellement ses effets afin de se prononcer sur sa mise à disposition pour d’autres pathologies. Aujourd’hui, même s’il est interdit de le présenter comme un médicament, de nombreuses études ont d’ores et déjà mis en avant l’efficacité du CBD dans le traitement de divers troubles :

– réduction du stress et de l’anxiété ;
– régulation de l’humeur ;
– amélioration et réduction de certains troubles du sommeil ;
– aide dans le sevrage de certaines addictions (alcoolisme, tabagisme) ;
– effet anti-inflammatoire ;
– réduction de certains symptômes de l’arthrose ;
– maladies de peau (psoriasis, eczéma, dermatite atopique, etc.)

 

Comment utiliser le CBD ?

L’administration de CBD dépend tout d’abord du type de produit sélectionné. Des huiles fortement dosées, par exemple, ne nécessiteront que quelques gouttes journalières pour percevoir un effet, tandis qu’un e-liquide avec un faible taux de cannabidiol pourra être vapoté tout au long de la journée. Comme avec toutes les substances actives, la morphologie de chaque utilisateur a un impact sur les effets ressentis. Il faut donc systématiquement passer par une phase d’essais pour trouver le dosage adapté ; l’idéal étant de commencer par des doses assez faibles puis d’augmenter progressivement jusqu’à ressentir les effets attendus.

À quel moment prendre du CBD ?

Pour profiter au maximum des effets du cannabidiol, il est recommandé de l’utiliser régulièrement à travers plusieurs apports journaliers. Cependant, en fonction du mode d’administration (capsule, huile, e-liquide, etc.), son action est plus ou moins rapide et ses effets plus ou moins durables. Sous forme vaporisée via une cigarette électronique, le CBD est ainsi très rapidement assimilé par l’organisme tandis que les produits alimentaires comme les gélules nécessitent une phase de digestion beaucoup plus longue.

 

Dans quels cas le CBD est-il contre-indiqué ?

Même si le CBD présente peu de risques, il convient d’éviter d’en consommer des quantités excessives. Le cannabidiol, comme la plupart des cannabinoïdes, a la particularité d’être lipophile, et donc de se lier facilement aux tissus gras. Comme il s’élimine lentement, il est susceptible de s’accumuler dans les tissus gras, en particulier au niveau du système nerveux et du cerveau. Le CBD peut aussi interagir avec certains médicaments en ralentissant leur élimination ou favoriser des problèmes de vigilance et de somnolence. La consommation de cannabidiol est également déconseillée aux femmes enceintes et allaitantes. Comme pour toute substance active, il est préconisé d’être très attentif aux réactions de l’organisme pour en adapter les quantités.

 

Quelle législation européenne pour le CBD ?

Il n’y a, pour le moment du moins, pas de loi concernant la production, la vente et la consommation de CBD en tant que telle. Le cadre légal relatif au cannabidiol est fixé par les lois concernant le chanvre et le THC. Celles-ci encadrent le taux maximum de matière active autorisée et l’usage qui peut être fait de cette matière première. La législation européenne autorise ainsi la vente de chanvre, – et donc de CBD – ayant un taux maximum de 0,2 % de THC. La vente et l’achat de CBD sont donc autorisés dans une majorité des pays en Europe, avec des variantes locales par rapport à la réglementation en vigueur. La Belgique, qui a adopté le taux maximum de THC autorisé en Europe (soit 0,2 %), a décidé de classer, depuis le 11 avril 2019, le cannabis CBD dans la catégorie des « autres tabacs à fumer ». Le CBD est donc légal en Belgique et sera taxé comme tous les produits contenant du tabac.

 

Quel cadre légal pour le CBD en France ?

En France, c’est la commercialisation et la consommation de THC qui sont encadrées par la loi. Selon l’article R. 5132-8 du code de la santé publique, qui réglemente les substances classées en tant que stupéfiants – comme le THC -, « sont interdits la production, la fabrication, le transport… de cannabis, de sa plante et de sa résine, des produits qui en contiennent ou de ceux qui sont obtenus à partir du cannabis, de sa plante ou de sa résine ». N’ayant pas été classé dans les substances stupéfiantes, le CBD échappe donc à cette réglementation. En tant que matière première utilisée dans un cadre médical, alimentaire ou industriel (pour la fabrication de tissus par exemple), le chanvre bénéficie de plus d’un régime juridique dérogatoire dans l’Hexagone. La production, la vente et la consommation de CBD en France sont de fait encadrées par la réglementation concernant la plante dont il est issu, le chanvre. L’utilisation du chanvre, et donc du CBD qui en est issu, est autorisée lorsque la plante ne possède pas de propriétés stupéfiantes condamnables. De plus, seules certaines variétés de cannabis figurant dans une liste officielle dressée par les autorités sanitaires peuvent être produites, vendues et consommées. La teneur en THC de la plante avant transformation doit être inférieure à 0,2 %.