En 2021, en pleine pandémie, Boris Fayet décide de quitter les cuisines pour se rapprocher de la nature. Installé en Lozère, dans le parc national des Cévennes, il se lance dans la culture du chanvre.
« Mon père avait des terres, et je voyais que le marché du CBD s’ouvrait. Je me suis dit : pourquoi ne pas essayer ? », raconte-t-il.
Après une première expérience difficile en affiliation avec un partenaire basé à Bourges, il choisit de reprendre son indépendance. « Depuis deux ans, je commercialise directement mes productions sous la marque AUM SATIVA. »
Une agriculture biologique et artisanale
La ferme fonctionne en extérieur, en pleine nature.
« Tout est fait à la main, avec un minimum de mécanisation. J’utilise uniquement des engrais organiques », précise Boris Fayet. Le séchage et la maturation des fleurs sont réalisés avec soin, afin de préserver au mieux les qualités aromatiques.
Son approche contraste avec certaines pratiques observées à l’étranger.
« Beaucoup de fleurs qui arrivent de Suisse, d’Italie ou d’Espagne sont lavées avec des solvants puis retraitées, ce qui altère leur goût et leur pureté », déplore-t-il. À l’inverse, ses fleurs séduisent les consommateurs par leur naturel et l’absence d’effets secondaires désagréables.
Une distribution locale et sélective
Aujourd’hui, Boris Fayet fournit principalement des bureaux de tabac — entre quatre et cinq établissements — ainsi que quelques magasins bio. Il participe aussi à des marchés locaux.
« Cette année, j’augmente un peu ma production, donc je pourrai répondre à de nouvelles demandes, y compris de la part des vape-shops », assure-t-il.
Sur ses parcelles, il cultive différentes variétés de chanvre, dont Northwest, MidWest, Arizona Dream, ainsi que des nouveautés comme Pink Pineapple ou Platinum Panther.
La garantie d’un produit tracé et certifié
Située dans un environnement préservé, loin de toute pollution industrielle ou agricole, l’exploitation bénéficie de conditions idéales. Pour renforcer la confiance des consommateurs, AUM SATIVA est certifiée en agriculture biologique par Ecocert, et les analyses de cannabinoïdes sont confiées à des laboratoires accrédités Cofrac.
« La transparence et la qualité sont essentielles pour nous », conclut Boris Fayet, qui incarne une vision artisanale et exigeante du CBD français.
*Processus rigoureux qui consiste à évaluer, de manière indépendante et impartiale, la conformité d’un produit, d’un service ou d’un système selon des exigences environnementales et sociales spécifiées dans un cahier des charges ou une norme. À la fin du processus de certification, Ecocert délivre une assurance écrite appelée certificat ou attestation.
Une agriculture inspirée par la nature
À AUM SATIVA, tout est fait pour respecter la terre. Boris Fayet cultive son chanvre selon les principes de la permaculture, en tenant compte des cycles lunaires et en pratiquant la rotation des cultures pour préserver les sols.
« Je fais attention à la lune, je fais tourner mes parcelles pour laisser régénérer la terre », explique-t-il.
Le défi de la concurrence internationale
Pour ce producteur engagé, la concurrence étrangère représente un défi majeur.
« Dans leur pays, les producteurs suisses ou espagnols peuvent avoir de très bonnes qualités. Mais pour passer les douanes françaises, ils doivent laver les fleurs pour réduire le taux de THC, ce qui tue toute la qualité », regrette-t-il. Ces produits dégradés nuisent selon lui à la perception du CBD en France.
Vers un CBD français de terroir ?
Boris Fayet croit au potentiel du CBD français, notamment à travers la notion de terroir.
« Suivant la nature du sol — calcaire, schiste ou granit — les mêmes variétés développent des arômes et des goûts différents », affirme-t-il. À l’image du vin ou du fromage, il imagine un avenir premium pour le CBD local.
Il appelle également à une meilleure réglementation :
« Il faudrait imposer un étiquetage clair : savoir si une fleur est française ou étrangère, lavée ou non lavée. Aujourd’hui, il y a beaucoup de flou, et le consommateur est perdu. »
Développement et diversification
Pour faire connaître ses produits, Boris Fayet mise sur une communication de proximité : réseaux sociaux, marchés locaux, et quelques parutions dans la presse régionale.
Ses ambitions pour les prochaines années sont claires : développer sa production de fleurs, notamment en direction des bureaux de tabac et des vape-shops, et élargir son offre bien-être. Aux huiles sublinguales et gélules déjà disponibles, viendront bientôt s’ajouter des cosmétiques à base de CBD.
« J’ai la place et l’envie de m’agrandir », sourit-il.
« Nous revendiquons une approche artisanale et authentique, en contraste avec certaines pratiques du marché international. Beaucoup de fleurs suisses, italiennes ou espagnoles sont lavées aux solvants, puis retraitées. Résultat : un goût altéré et des odeurs d’éthanol. »
À l’inverse, ses clients apprécient la qualité organoleptique de ses fleurs, leur naturel, et l’absence d’effets secondaires.