Chiara Moss – La casa de Chiara

Lunettes à monture graphique et sourire franc, Chiara Moss, l’influenceuse italienne aux 11 000 abonnés sur Instagram et dont la chaîne YouTube cumule des centaines de milliers de vues, dégage un puissant sentiment d’assurance et de liberté. Elle nous accueille dans sa boutique située dans la région de Padoue, accompagnée de Carmine Di Martino, son patron et meilleur ami, qui occupe à ses côtés les rôles d’impresario et de super assistant — avec un plaisir non dissimulé.

Chiara Moss – La casa de Chiara

Avant de faire connaissance, on a replongé dans les contenus en ligne de ce visage depuis longtemps familier. Tutos, reportages en salons, micro en main à la rencontre des exposants, recos, mais aussi photos de mode, en famille ou à la salle de sport, suivre Chiara Moss, c’est prendre à coup sûr, quel que soit le sujet, un shoot de vitamines. Ultra lookée, rentre-dedans, jamais vulgaire, elle navigue avec joie et beaucoup d’aisance entre toutes ses passions. Loin de la femme objet à laquelle elle pourrait laisser croire, elle joue avec les codes et est toujours à fond. Dans l’enthousiasme comme dans la vulnérabilité, elle s’assume. Son objectif : partager, sans faire de publicité, une vision globale de la vape comme de son existence, pour montrer très sincèrement comment la culture tech et santé dans laquelle elle baigne depuis 2012 a changé sa vie… et peut changer la vôtre.


Précise, rapide, enjouée, Chiara est aussi convaincante quand elle interviewe le professeur émérite Fabio Beatrice, de l’Agence sanitaire de Turin, que lorsqu’elle vérifie sa gamme de liquides élaborée avec Puff, dont elle est l’ambassadrice en Italie, ou se livre à un exercice de pédagogie, cintrée dans un bustier noir montant jusqu’au cou, depuis son studio d’enregistrement installé au sous-sol. De là, elle partage aussi son amour de la pizza ou des projets plus intimes. En un mot, sa personnalité.


Toujours, elle choisit ses mots, rythme sa phrase, explique l’essentiel pour convaincre sans avoir l’air d’y toucher. Et quand elle est (faussement) sévère, voire un tantinet autoritaire, c’est pour que le message passe. Dans le respect, bien sûr, de la TPD, qui frappe l’Italie comme la France. Poster du contenu lié aux produits du tabac ne se fait pas sans garde-fous, et Chiara balance de façon équilibrée entre discours scientifique, technique et objectif, une neutralité saupoudrée d’un grain de folie qui remet la vape à sa juste place parmi une foule d’autres choses qui font se sentir bien dans la vie.

 

Self-made woman

Chiara Moss, de son vrai nom Chiara Moschetta, montre tout avec retenue, même quand elle pose en bikini sur la plage ou explose de joie avec ses enfants. Maman solo depuis (presque) toujours, son instinct, son désir farouche d’indépendance et une exigence hors du commun sont ses seules boussoles. Déménager pour un meilleur salaire, elle l’a touché à l’âge de 13 ans comme sa famille et améliorer l’ordinaire.

Aujourd’hui encore, elle cumule deux boulots. Le jour, elle aide les fumeurs à switcher, la nuit, elle sert du bon vin dans une vinothèque.
Comment fait-elle pour tout allier ? Carmine assure que cela tient à une hygiène de vie incroyable. Beaucoup trop d’énergie pour lui, dit-il en souriant. Elle, ne lâche jamais le moral. Car, pour voler bien et haut, l’oiseau a besoin de toutes ses plumes. Chiara, après des cours de théâtre à Rome et à Londres, en 2017, elle a pris des cours d’anglais spécialisés dans la vape.

Chiara et Carmine, le duo qui fait vaper l’Italie

Pour se mettre à niveau. Plusieurs semaines avant chaque expo, elle sélectionne ses looks et peaufine son apparence. Franchement, en cuissardes et minijupe ou pantalon de cuir, elle en impose. Mais s’esclaffe quand on lui en fait la remarque et se lève : elle mesure à peine un mètre cinquante !

Il faut dire que sa plastique, qu’elle met savamment en scène, est impressionnante, affûtée comme un couteau.

« C’est un don, un avantage génétique dont mes frères et moi avons hérité »,

souffle-t-elle avec modestie, sans nier qu’elle aime se dépasser. Avant le Covid, elle préparait la Spartan Race, une course d’obstacles né aux États-Unis, qui voit des candidats au mental d’acier tout donner : endurance, escalade, port de charges lourdes… juste pour le fun et l’adrénaline associée.

« Comme Kate Moss, mais avec moins de jambes »

Rayon vape, tout commence en 2012. Carmine, alors réparateur informatique, intervient, e-cig à la bouche, sur son ordinateur. Lengin intrigue Chiara, qui fume alors un paquet et demi par jour : « What is this shit ?! » (ça se passe de traduction) s’énerve, selon la légende, ses premiers mots.

Mais son compagnon de l’époque est ferré et, chaînon dans l’âme, Chiara écrase alors sa dernière clope par solidarité. Et ça marche !

« Le fait qu’il ait arrêté de fumer grâce à la cigarette électronique fait d’elle une bonne vendeuse, rigole Carmine. En plus, avec l’argent économisé, elle a pu payer sa maison ! »

À l’époque, Carmine a envie de changer de métier et d’ouvrir un shop. Très vite, il propose à Chiara de le rejoindre. Et une fois de plus, l’alchimie et la conviction de Chiara font des étincelles.

« Je déteste l’idée d’être arrivée, d’avoir tout accompli. La vie, c’est du travail »

Alors, parce qu’il l’adore et croit en elle, Carmine lui lance un défi : monter une chaîne YouTube et un compte Instagram, pour qu’elle fasse à l’écran ce qu’elle sait si bien faire en ville.

« Je suis sûre de moi dans la vie, mais sur le web, j’en étais moins sûre, raconte Chiara. J’ai accepté pour la blague, parce qu’on avait choisi un nom bidon. » Milfsvapo est né. « Milf », en Italie, n’a rien de dégradant, au contraire, le mot désigne les femmes indépendantes, et c’est un surnom qu’on donne à Chiara depuis ses 17 ans, à l’époque où elle attendait son premier enfant. « On s’est rendu compte très vite, à Londres, que ce nom ne parlait à personne. Alors, j’ai abrégé le nom de Chiara, Moschetta, en hommage à son allure si glamour. Moss, comme Kate Moss, mais avec moins de jambes ! Ça a fait tilt tout de suite », se félicite Carmine, qui se voit, lui, en M. Wolf. « M. Wolf, le mec qui règle les problèmes dans Pulp Fiction ! Chiara est une tempête, elle perd tout, ses lunettes, sa cape, ses clés, son téléphone. Je suis le staff, le mec fiable, l’épaule sur laquelle elle peut s’appuyer. » Et le duo fonctionne à merveille : elle au premier plan, sociable, hyper spontanée dans la rencontre, lui derrière la caméra et l’appareil photo, dans l’ombre. « Mieux, même, je suis son ombre ! » Et Chiara de répondre, du tac au tac : « Non, tu es ma croix ! » On serait bien restés des heures à rire des blagues qu’ils s’échangent, et on attend chaque nouveau post avec délectation. « Je déteste l’idée d’être arrivée, d’avoir tout accompli. La vie, c’est du travail, encore et encore, de la remise en question. » Avec ce genre de philosophie, Chiara Moss n’a pas fini de nous surprendre.