Commençons par le début : qu’est-ce qu’un édulcorant ?
Les édulcorants sont des molécules capables de stimuler les récepteurs de la saveur sucrée sur nos papilles, à l’image du sucre. On les classe généralement en deux grandes familles :
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Les édulcorants naturels : comme le fructose, le glucose, le lactitol, le maltitol ou encore des extraits de plantes comme la stevia.
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Les édulcorants artificiels : parmi eux, on retrouve le sucralose, l’aspartame ou l’acésulfame K.
Leur particularité ? Un pouvoir sucrant extrêmement élevé : comparé au sucre de table (indice 1), certains édulcorants peuvent être 400 à 700 fois plus sucrants.
Mais il y a un problème : ces substances ne sont pas volatiles. Comme avec le sucre et le phénomène de caramélisation, lorsqu’on dépasse les 180°C, les édulcorants peuvent entrer en pyrolyse, c’est-à-dire se décomposer sous l’effet de la chaleur, formant alors des composés potentiellement toxiques.
C’est pour cette raison que Vincent Cuisset, président de VDLV et directeur du LFEL, a pris une décision forte : retirer le sucralose de tous ses e-liquides.
>Un choix audacieux sur le plan commercial, surtout face à une concurrence qui continue d’utiliser cet édulcorant pour amplifier l’intensité gustative de leurs produits. Mais pour lui, la priorité est la santé.
En effet, lorsqu’il est vaporisé, le sucralose peut se transformer en composés chlorés, dont certains sont classés cancérigènes. Selon Vincent Cuisset :
« Certaines analyses révèlent des niveaux d’exposition qui dépassent de dix fois les doses journalières admissibles en ingestion, ce qui soulève de sérieuses inquiétudes pour l’inhalation. »
Il est tout à fait possible d’obtenir des saveurs gourmandes sans recourir au sucralose.
Mais alors, pourquoi utiliser le sucralose ?
Le Laboratoire SENSE, créateur d’e-liquides engagés, conçoit et fabrique une vape sans compromis. Ce qui le distingue, c’est une approche scientifique rigoureuse, avec une attention particulière portée à l’absence de sucre, d’édulcorants et de sucralose dans ses produits. L’entreprise a d’ailleurs joué un rôle actif dans la définition de normes et la réduction des risques sanitaires dans le secteur de la vape.
Maxime Champagnac, responsable scientifique et réglementaire du laboratoire, explique :
« Le sucralose possède un pouvoir sucrant élevé, ce qui le rend facile à utiliser. Il agit directement sur les papilles gustatives et permet d’arrondir le profil aromatique.
En revanche, il faut distinguer l’expression aromatique perçue par l’olfaction du goût sucré ressenti en bouche.
L’absence de sucralose oblige à travailler minutieusement sur les notes de tête, de cœur et de fond pour obtenir un profil aromatique complet. »
Le positionnement sans sucralose s’avère payant.
En d’autres termes, le sucralose est souvent utilisé car il a un bon pouvoir sucrant pour arrondir les arômes. Cependant, il agit principalement sur les papilles gustatives, alors que les arômes sont perçus par les récepteurs olfactifs. Le sucralose va donc affecter le goût en bouche, mais il ne modifie pas la perception des arômes au niveau de l’odorat.
Pour les aromaticiens, travailler sans sucralose représente-t-il un défi ?
Contrairement aux idées reçues, il est tout à fait possible d’obtenir des saveurs gourmandes sans sucralose. Pour Vincent Cuisset,
« on peut jouer avec des molécules comme l’éthyl maltol ou exploiter le fructose naturellement présent dans certains arômes », précise-t-il. Le enjeu est de maîtriser l’assemblage des arômes afin de sublimer les profils gustatifs sans compromettre la sécurité.
VDLV ne se contente pas de bannir le sucralose ; l’entreprise analyse également d’autres édulcorants comme le néotame ou l’aspartame. « Si le néotame semble, pour l’instant, moins problématique, des études supplémentaires restent nécessaires. Si tous les fabricants passaient au néotame à la place du sucralose, ce serait déjà un progrès. »
Pour Maxime Champagnac, c’est un défi technique. Le sucralose a l’avantage de ne pas avoir de notes parasites, contrairement à d’autres édulcorants qui peuvent laisser un goût métallique. Sans sucralose, ni sucres ou tout autre édulcorant alternatif, il est nécessaire d’avoir un travail plus approfondi sur la composition des arômes pour obtenir un profil équilibré. Mais il existe des alternatives.
« Nous avons des expertises dans ce domaine. Par exemple, on peut créer l’impression de sucre sans en ajouter, grâce à des arômes qui jouent sur la synesthésie, l’association des sens. Sur des saveurs fruitées ou gourmandes, cela fonctionne très bien. » conclut-il.
Le sucralose dans la vapeur présente-t-il un risque sanitaire ?
Maxime Champagnac : Ce n’est pas un risque immédiat, mais il y a une question de précaution. Lorsqu’on chauffe du sucralose, il peut se dégrader en chloropropanols, qui sont des CMR (cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques). La vape est déjà reconnue comme au moins 95% moins nocive que le tabac, et nous voulons aller au-delà de 99% moins nocive en minimisant les risques au maximum.
Les consommateurs en demandent, pour le moment…
Les consommateurs le demandent car ils sont habitués à des produits sucrés, surtout venant de la cigarette. Les cigarettes blondes, par exemple, contiennent déjà du sucre pour adoucir le goût du tabac. Les utilisateurs sont parfois dépendants au goût sucré, un peu comme on s’habitue à su créer son café.
L’éducation est essentielle pour leur apprendre à apprécier des produits non sucrés.
L’éducation est donc essentielle pour apprendre aux consommateurs à apprécier des produits non sucrés. Sur le plan commercial, l’absence de sucralose représente un frein. De nombreux vapoteurs, habitués aux e-liquides très sucrés, ressentent un manque lorsqu’ils passent à des formulations plus naturelles.
« C’est comme une addiction au sucre : les goûts paraissent plus fades au début », explique Vincent Cuisset. Mais le positionnement sans sucralose s’avère payant :
« Nous avons constaté une réponse positive de la part des consommateurs. Bien que certains aient demandé des produits avec plus de sucre, l’absence de sucralose a renforcé notre positionnement et a attiré les consommateurs recherchant une vape non sucrée », ajoute Maxime.
Pour conclure
Le choix de l’édulcorant a un impact direct sur le ressenti du vapoteur et sur la longévité du matériel, certains produits pouvant encrasser plus rapidement les résistances des cigarettes électroniques. Par ailleurs, l’utilisation des édulcorants dans les e-liquides soulève des questions quant à leur impact sur la santé. Chauffés à haute température, certains d’entre eux pourraient se décomposer et générer des sous-produits potentiellement préoccupants. Bien que les études sur leur inhalation soient encore limitées, des précautions sont recommandées, notamment en évitant une utilisation excessive de liquides fortement édulcorés.