Novel food : L’EFSA en quête de preuves

Novel food : L’EFSA en quête de preuves

Quelques gouttes de CBD pour faire passer la pilule ? Nombre d’entrepreneurs du secteur vont en effet devoir s’armer de patience. Dans un communiqué publié au début du mois dernier, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a annoncé la suspension des évaluations concernant le CBD en tant que “novel food” (innovation alimentaire, NDLR).

Pour rappel, en janvier 2019, la Commission européenne avait classé comme tel le cannabidiol, ouvrant ainsi la voie à de nombreuses opportunités ; à charge pour l’Efsa d’évaluer scientifiquement chaque demande d’autorisation de mise sur le marché. Une nouvelle accueillie avec enthousiasme par la filière. Qu’en est-il trois ans plus tard ? À ce jour, 130 dossiers ont été adressés à la CE, et 19 demandes soumises au groupe d’experts sur la nutrition, les nouveaux aliments et les aller- gènes alimentaires (NDA).

Données, données donnez-moi

Pourquoi alors suspendre ces évaluations aujourd’hui ? « Nous avons identifié plusieurs dangers potentiels liés à la consommation de CBD, affirme Dominique Turck, président du panel NDA, et nous avons établi que les nombreuses lacunes dans les données disponibles concernant ces effets sur la santé devraient être comblées avant que ces évaluations puissent se poursuivre. » Précision destinée, sans doute, à rassurer les professionnels : « Il est important de souligner à ce stade que nous n’avons pas conclu que le CBD était dangereux entant qu’aliment. »

N’empêche, faute de données, des doutes subsistent aux yeux des experts, et nécessiteraient davantage d’informations détaillant « les effets du CBD sur la foie, le tractus gastro-intestinal, le système endocrinien, le système nerveux et le bien-être psychologique ». Autre source de préoccupation évoquée par l’EFSA : « Des études chez l’animal montrent certains effets indésirables importants, notamment en ce qui concerne la reproduction. Il est important de déterminer si ces effets sont également observés chez l’homme. »

Candidats sous pression

Et maintenant ? Eh bien, c’est aux candidats qu’il revient de montrer patte blanche, comme le suggère Ana Afonso, responsable de l’unité Nutrition et innovation alimentaire. « Il n’est pas inhabituel de suspendre l’évaluation d’un nouvel aliment lorsque des informations manquent. Il incombe aux candidats de combler les lacunes en matière de données. Nous les accompagnons afin d’expliquer les informations supplémentaires à fournir pour nous aider à répondre à ces incertitudes. » Décidément, pour les candidats à l’autorisation de mise sur le marché, il semble encore sacrément loin le bout du tunnel « novel food »…