Aurélien Delecroix est le fondateur de la marque Green Leaf, mais aussi le président du Syndicat français du chanvre. Son expertise et sa connaissance du marché du CBD nous semblaient donc incontournables pour ce premier numéro de CBD mag. Aurélien nous a accordé un entretien qui nous permis de découvrir un entrepreneur dynamique, fermement engagé dans la promotion du cannabidiol et très attentif aux questions environnementales.
Un entrepreneur sportif
Pour comprendre un parcours professionnel, il faut souvent remonter aux sources. Aurélien s’est donc amiablement prêté au jeu des questions-réponses afin de nous raconter son arrivée dans le monde du CBD. C’est après une première aventure entrepreneuriale dans le car-staging (activité qui consiste pour un particulier à mettre en valeur une automobile avant de la revendre) qu’il tombe sur le marché du chanvre.
Animé par l’envie de se réorienter sur le plan professionnel, il décide de commencer par se remettre en forme : « Mens sana in corpore sano » ! Il reprend donc le sport et, dans ce cadre, cherche à améliorer son alimentation, notamment à compléter son apport en protéines. Soucieux d’éviter les protéines animales, il se tourne naturellement vers les protéines végétales. Cependant, si ce sont de réelles alternatives aux protéines issues du lait ou des œufs, elles sont souvent moins complètes que celles issues du monde animal ou peuvent avoir un effet perturbateur pour le système endocrinien.
Mais Aurélien n’abandonne pas sa quête. C’est presque par hasard qu’il tombe sur un pot de protéines orné d’une feuille de cannabis. Après l’effet de surprise, la curiosité prend le dessus. Une curiosité plutôt bien placée, car elle lui va rapidement lui ouvrir la voie à de multiples découvertes.
Le chanvre et ses vertus
Après des recherches approfondies, Aurélien se rend compte compte de l’énorme potentiel du chanvre. La graine d’abord, utilisable dans l’alimentation et qu’il est possible de travailler pour en faire des huiles ; la plante ensuite, qui s’avère être une culture ô combien intéressante avec notamment un bilan carbone négatif, une faible consommation d’eau et un formidable potentiel pour restructurer les sols grâce à des réseaux racinaires fortement développés. Enfin, dernier atout pour Aurélien, qui souhaite privilégier « le local » dans ses activités : le chanvre pousse particulièrement bien en France, qui en est le troisième producteur mondial et le premier au niveau européen.
Un modèle économique à imaginer
Cependant, malgré ses qualités, la plante semble un peu boudée par nos agriculteurs locaux, ce qui se traduit concrètement par des produits finis utilisant la plupart du temps des extraits issus de Chine ou d’Europe de l’Est. En effet, avec un rendement d’environ 500 € à l’hectare contre 800 € pour le blé, le chanvre s’avère peu rentable pour les agriculteurs français. De plus, le potentiel des cannabinoïdes étant occulté, la plupart se concentrent surtout sur la biomasse, utilisée pour la fibre, la litière et l’alimentation animale. De fait, les producteurs de chanvre sont très dépendants des chanvrières pour le traitement de leur production. La faiblesse du business model leur impose même de se trouver à moins de 50 km des usines, sous peine de voir leurs bénéfices s’évaporer dans le coût du transport.
Et pourtant, le potentiel est là, et Aurélien se prend très tôt conscience que l’élaboration de produits à destination de la consommation humaine permet d’envisager une rentabilité beaucoup plus élevée. Et si quelques entreprises ont déjà commencé à investir le créneau, elles se limitent à la première transformation de la graine (huile, farine et graine décortiquée). Il est donc possible d’aller encore plus loin. Pour démocratiser le chanvre et rentabiliser la filière, Aurélien comprend qu’il faut fabriquer des produits fins et élaborés.
Une large gamme de produits bio
Cet objectif, Aurélien le mène avec sa société Green Leaf, au travers de sa marque Hello Joya. Au catalogue, on retrouve une large gamme de produits alimentaires bio. Les gourmands pourront se délecter de deux pâtes à tartiner ou de granola riche en protéines (15 %, contre 5 % sur les granolas classiques). Les sportifs privilégieront les barres énergétiques ou les compléments protéinés. Quant à Monsieur tout-le-monde, il pourra opter pour de petites bouchées apéritives, sucrées ou salées, combinant chanvre et fruits ou chanvre et légumes. Ou bien encore cuisiner avec de la farine de chanvre ou de l’huile riche en oméga-3. Les produits plus courants comme les infusions et les huiles sublinguales sont également disponibles.